Sophie Torrent-Babey et Terre Catalane : reprendre les rênes d’un magazine culte sans trahir son âme

Sophie Babey

Ce qui va suivre est la synthèse de mon dernier épisode de Podcast. Le plus simple est encore d’aller l’écouter, de t’abonner au podcast, et de le partager SANS MODERATION ! 

Bienvenue dans ce nouvel épisode !

Avant de démarrer, je te fais une petite explication de contexte de ma rencontre avec mon invitée du jour, parce que c’est assez loquace ! Elle et moi nous sommes donc rencontré par le plus grand des hasards, ou bien par la force de la destinée, va savoir… Nous avons toutes deux participé au jury Vins coup de cœur des femmes 2025, organisé par la coopération agricole Occitanie. Il était alors 9h30 d’une chaude matinée du moi de juin, je remplaçais au pied levée une membre du jury malade, et j’avais la lourde tache de départager une quinzaine de vins rosés… Oui, drôle de contexte !

Ma voisine de droite, qui est aujourd’hui mon invitée, m’a beaucoup aidé à prendre en main ma mission du jour, et tu me connais, je papote beaucoup… Il s’avère qu’elle était à la tête d’un magazine de mon territoire que j’apprécie beaucoup, grâce auquel elle avait d’ailleurs rencontré une de mes oncles, mais surtout, fraichement nommée à la tâche, avec pour mission de donner un nouveau souffle à ce périodique. Une super nana trop sympa qui doit relever un nouveau défi ? Ni une, ni deux, je lui ai proposé de participer à un épisode de la Cheftaine ! 

Donc aujourd’hui, je t’embarque dans les coulisses de la presse locale avec une femme qui a passé plus de trente ans à raconter le territoire : Sophie Torrent-Babey. Journaliste à l’Indépendant pendant trois décennies, couteau suisse de la rédaction, elle a tout fait ou presque : la locale, le desk, l’info nationale, le web, le management… Et puis un jour, on lui a proposé de reprendre un monument : le magazine Terre Catalane. 

Comment faire évoluer un média emblématique du territoire sans trahir son ADN ? Avec franchise et lucidité, elle revient sur son parcours de journaliste, son lien au territoire catalan, et ce que représente, à plus de 50 ans, le fait de prendre la tête d’un magazine aussi ancré dans l’identité locale. Dans cet épisode, elle nous parle de son attachement viscéral au pays catalan, de ce journalisme de terrain qu’elle chérit, de ce qu’elle veut faire bouger — sans jamais trahir l’essence. Nous avons parlé de transmission, de traditions, d’identité, de catalanité, de lignes éditoriales à secouer sans abîmer. Mais aussi de femmes, de confiance, et de ce moment charnière où, passée un certain âge, on se dit : “Oui, je suis prête.” 

Un épisode généreux, enraciné, où il est aussi question de terroir, de cargolade, et de pays catalan.  

Sophie Torrent-Babey : une journaliste de terrain, fidèle au territoire 

Sophie Torrent-Babey connaît les Pyrénées-Orientales comme sa poche. Elle y est née, y a grandi, et surtout, elle y a travaillé toute sa vie. Son histoire avec la presse commence très tôt, dès le collège, lors d’un projet d’interviews avec les commerçants de quartier. De cette expérience naîtra une vocation : raconter le réel, donner la parole à ceux qu’on n’entend pas toujours, aller sur le terrain. 

Sa carrière se construit à L’Indépendant, le quotidien local, où elle fait ses armes sur tous les postes : locale, culture, faits divers, reportages, édition numérique, coordination d’équipes. Couteau suisse de la rédaction, elle vit les grandes mutations du métier : le passage au numérique, la gestion de l’urgence lors des attentats, la montée en puissance des réseaux sociaux. Mais ce qui reste, toujours, c’est l’envie d’être utile, d’informer, de transmettre. 

Sophie Torrent-Babey : un nouveau chapitre avec Terre Catalane, magazine patrimonial des PO 

Quand on lui propose la rédaction en chef de Terre Catalane, Sophie n’hésite pas longtemps. Le magazine, publié par le groupe L’Indépendant, existe depuis plus de 30 ans. C’est un titre culte, qu’on retrouve dans les maisons, les bibliothèques, les salons de coiffure, les maisons de retraite. Un magazine qu’on garde, qu’on offre, qu’on collectionne… Et que je lis depuis l’enfance !

Imprimé sur papier glacé, très visuel, centré sur le patrimoine catalan, les traditions locales, la culture populaire, il est profondément ancré dans la mémoire collective des habitants du département. Mais il a besoin d’un souffle nouveau. C’est là qu’intervient Sophie. 

Moderniser sans trahir, c’est un défi éditorial assumé ! Sophie le dit sans détour : moderniser Terre Catalane sans le dénaturer, c’est son plus gros défi.
Pour cela, elle ne cherche pas à tout casser. Elle observe, comprend, s’imprègne. Puis elle ajuste. 

« On ne va pas enlever les vieilles pierres, mais on va raconter celles et ceux qui vivent autour. »

Nouveau logo, nouvelle maquette, alternance entre formats courts et longs, présence renforcée sur Instagram et Facebook, plus de portraits, plus d’humain… Le magazine se transforme en douceur. Derrière chaque dossier patrimoine, il y a désormais une voix, un visage, une histoire à raconter. On découvre une grand-mère qui partage sa recette du barboufat, des enfants qui apprennent la cargolade avec leurs aînés, des femmes qui remettent en question les traditions sexistes de la fête de l’ours… La catalanité devient un fil rouge incarné, vivant, intergénérationnel. 

Sophie Torrent-Babey : après 50 ans, assumer ses compétences, prendre sa place 

Ce poste, Sophie l’a accepté à un moment clé de sa vie. Passée la cinquantaine, avec trente ans d’expérience dans les jambes, elle se sent prête. Pas surdiplômée. Pas “légitime” selon les standards classiques. Mais ancrée, solide, capable. 

« On doute trop longtemps. Les femmes surtout. Mais à un moment donné, il faut se dire : j’y vais. Je me débrouillerai. » 

Elle revendique un leadership fait d’écoute, de clarté, de responsabilité. Elle n’impose pas, elle embarque. Avec ses pigistes, elle co-construit une nouvelle ligne éditoriale, demande beaucoup, mais explique tout. Elle les pousse à écrire plus court, à faire de la vidéo, à penser Instagram. Et ça fonctionne. L’équipe la suit, motivée, curieuse, attachée au projet. 

Sophie Torrent-Babey : Faire vivre un journal dans un monde qui va trop vite 

Dans l’entretien, Sophie évoque aussi la pression permanente qui pèse sur les médias. Pression du temps, des chiffres d’audience, des réseaux, des injonctions budgétaires. Mais elle ne s’en plaint pas. Elle l’a intégrée. Mieux : elle s’en sert. 

Elle évoque la différence entre le quotidien et le trimestriel, entre le flux et le fond. Et comment Terre Catalane peut justement réconcilier les deux : garder le temps long tout en dialoguant avec l’instantané. Aujourd’hui, elle jongle entre l’écriture, la stratégie éditoriale, la relation aux lecteurs, les réseaux sociaux, les contraintes de production et… la méditation. Parce que oui, il faut bien souffler, aussi. 

***

Ce que je retiens de cet échange :

🟠 Qu’on peut écrire un nouveau chapitre pro après 50 ans, en s’appuyant sur ce qu’on sait — et ce qu’on est.
🟠 Que le patrimoine, ce n’est pas que des murs, c’est aussi des voix, des visages, des gestes transmis.
🟠 Que faire évoluer un média, ce n’est pas trahir l’histoire, c’est la continuer autrement.
🟠 Que le journalisme local a encore de l’avenir, s’il sait rester proche, vrai, humain. 

 Écoutez l’épisode complet sur votre plateforme préférée.

La Cheftaine, le blog dédié aux femmes du 21ème siècle

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