Ce qui va suivre est la synthèse de mon dernier épisode de Podcast. Le plus simple est encore d’aller l’écouter, de t’abonner au podcast, et de le partager SANS MODERATION !
J’ai rencontré Claire grâce au réseau Femmes Chefs d’Entreprise : elle et moi avons intégré la délégation locale à quelques mois d’écart. Nous nous sommes immédiatement entendu toutes les deux, je t’avoue que je la considère aujourd’hui comme une amie précieuse. Je suis également très admirative de son parcours et de son quotidien, dans lequel elle jongle à la fois avec le poids du passé, mais aussi celui de l’avenir. Je m’explique…
Claire dirige les Céramiques Sant Vicens, une entreprise familiale d’artisanat d’art à Perpignan, fondée dans les années 1940. Une véritable institution locale, où se sont arrêtés Jean Lurçat, Pablo Picasso ou Salvador Dali. Elle incarne la troisième génération à la tête de la structure. Et si transmettre ne voulait pas dire répéter ?
Reprendre une entreprise c’est une chose, mais poursuivre l’œuvre de sa famille, c’est une pression supplémentaire. Selon l’adage, la troisième génération n’est pas celle qui reproduit, mais celle qui transforme, qui remet en question, qui avance à contre-courant parfois… Et il faut avoir les épaules pour ça !
Dans cet épisode, Claire raconte la reprise de ce lieu mythique, les défis d’une transmission générationnelle, et la manière dont elle fait évoluer la maison sans trahir son héritage. Entre responsabilités héritées et volonté d’insuffler sa propre vision, elle nous raconte ce qu’implique vraiment le fait d’être la « 3e génération ». Un récit franc et enraciné, au croisement de la tradition, de la création, et du bon sens entrepreneurial. Une conversation directe, ancrée et audacieuse, entre mémoire, geste et vision d’avenir.
Les Céramiques Sant Vicens, un héritage ancré dans le territoire
Fondées dans les années 40 par son grand-père, les Céramiques Sant Vicens sont bien plus qu’un atelier d’artisanat : elles incarnent un pan du patrimoine artistique de Perpignan. Dans les années 50-60, elles connaissent un véritable âge d’or grâce aux collaborations avec des artistes comme Jean Lurçat.
Aujourd’hui encore, chaque pièce y est décorée à la main, avec une identité forte : couleurs vives, motifs assumés, savoir-faire exigeant. Mais faire vivre une entreprise aussi emblématique n’est pas une mission figée dans la glaise.
Les Céramiques Sant Vicens : la troisième génération, entre audace et responsabilité
Claire le dit sans tourner autour du pot : être la troisième génération, c’est devoir casser pour avancer. Pas casser l’essence du lieu, mais rompre avec certaines habitudes, affronter les évolutions du marché, redéfinir un modèle économique devenu obsolète.
Elle reprend les rênes de l’entreprise progressivement, main dans la main avec ses parents encore présents au quotidien. Une transmission douce mais réelle, qui l’amène à prendre des décisions clés : accueil d’artistes en résidence, travail sur des collections plus contemporaines, repositionnement de l’offre sans renier le savoir-faire.
Les Céramiques Sant Vicens : les difficultés invisibles de la reprise familiale
Sous ses airs apaisés, le parcours de Claire n’a rien d’une balade touristique. La pression sociale locale est forte : « on appartient un peu aux Perpignanais ». Difficile alors de changer les choses sans s’attirer quelques critiques. Difficile aussi de concilier vie familiale et gestion d’une TPE où tout repose sur l’équipe (4 salariés aujourd’hui).
Elle partage aussi, sans filtre, ce qu’elle considère comme son erreur : avoir fait trop confiance, parfois, à certaines personnes. Des erreurs humaines, liées à l’affect, qui font d’autant plus mal dans les petites structures où chaque personne compte.
Claire Bauby Gasparian : une vision ancrée, pas figée
Ce qui ressort de l’échange avec Claire, c’est sa capacité à avancer sans renier. Elle ne parle jamais de « sacrifice », parce qu’elle s’épanouit dans ce qu’elle fait. Même si cela implique parfois des années plus « sans » que d’autres, elle tient la barre.
Et elle le fait avec une certaine humilité : en observant, en s’entourant, en accueillant des artistes pour renouveler le regard porté sur la céramique, trop longtemps rangée dans les cases du ringard ou du souvenir de vacances.
Claire assume aussi l’ancrage du lieu : maison, boutique et atelier se trouvent sur un même site, mélangeant vies professionnelle et personnelle. Ce n’est pas un mythe : c’est son quotidien. Et elle en parle avec franchise, sans faux semblants.
Claire Bauby Gasparian : une philosophie de vie
J’ai interrogé Claire sur le sexisme du secteur de l’art en général, ayant en tête un podcast sur Picasso. Sur ce point, Claire nuance : dans la céramique, surtout sur le décor, les femmes sont très présentes. La forme, plus physique, est encore dominée par les hommes. Mais elle n’a jamais ressenti de barrière liée à son genre. Peut-être parce qu’elle a aussi piloté des avions, travaillé dans l’aéronautique, et co-dirige une autre entreprise industrielle avec son père. Sa légitimité, elle la tire de sa compétence.
Sa chanson anti-morosité ? Singing in the Rain. Une métaphore parfaite de sa manière d’être : lucide mais joyeuse, enracinée mais en mouvement. Claire Bauby Gasparian incarne cette génération de femmes qui prennent la suite sans la subir. Une reprise familiale, oui, mais avec du style, de la poigne, et un réel sens de la continuité créative.
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