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Si tu prends connaissance de ce billet au moment de sa sortie, nous sommes en janvier 2025, et quel meilleur moment pour aborder un message d’espoir et d’action pour un avenir plus durable que le traditionnel temps des vœux pour la nouvelle année ? Ce message est porté par Anne Leila Meisterzheim, une scientifique et entrepreneuse qui réinvente la lutte contre la pollution plastique, tout en dépassant les obstacles d’un secteur historiquement peu accessible aux femmes. Dans cet article, je te présente son parcours atypique, sa détermination et sa vision audacieuse pour un monde meilleur. Bonne année, bisous !
Anne Leila : une vocation précoce pour la science
Anne Leila Meisterzheim, docteure en biologie marine, a su très jeune qu’elle voulait faire de la science sa vie. Originaire de Paris, elle découvre son attrait pour la recherche en début de collège, puis sa scolarité la pousse à explorer le milieu marin. Ce choix la mène à quitter la capitale pour les rives bretonnes, où elle obtient son doctorat à l’Université de Bretagne occidentale. Elle y consacre sa thèse à l’étude des capacités d’adaptation des huîtres, une expérience qui ouvre la voie à une carrière scientifique à la fois riche et mouvementée.
Mais la vie de chercheuse n’est pas un long fleuve tranquille. Enchaînant les contrats précaires de post-doctorat, elle se forge une réputation de « serial post-doc », à savoir une scientifique en quête constante de projets et de financements. Cette instabilité, bien qu’usante, lui permet de travailler sur des sujets variés, des maladies marines à l’impact des parasites sur les tortues, tout en collaborant avec des équipes internationales.
Déjà à cette époque, Anne Leila montre une force de caractère et une capacité d’adaptation qui impressionnent. Elle développe des projets avec l’Afrique du Sud, jongle entre plusieurs laboratoires, et démontre que la recherche scientifique, malgré ses contraintes, peut conduire à des solutions concrètes. Cependant, elle se heurte à une réalité frustrante : la lenteur des processus académiques et le manque de reconnaissance pour les femmes scientifiques.
Anne Leila : du laboratoire à l’entrepreneuriat, une transition courageuse
En 2018, un déclic survient. Après des années à lutter pour stabiliser sa carrière, Anne Leila décide de sortir des sentiers battus. Encouragée par un mentor, qui lui fait remarquer que ses compétences en gestion de projets scientifiques sont identiques à celles nécessaires à la direction d’une entreprise, elle crée Plastic@Sea. Cette start-up innovante conjugue science et action immédiate. L’idée est simple mais révolutionnaire : étudier et développer des solutions concrètes pour dégrader les plastiques en milieu marin, tout en évaluant leur toxicité pour préserver la biodiversité.
Anne Leila explique qu’on ne peut pas attendre dix ans pour régler un problème environnemental, il faut agir maintenant ! Ainsi, grâce à un système d’aquariums ouverts qui reproduisent les conditions marines, Plastic@Sea teste différents types de plastiques. Les résultats permettent d’attribuer des labels évaluant leur biodégradabilité et leur innocuité, donnant aux industriels des outils pour concevoir des produits moins polluants.
L’entreprise gagne rapidement en notoriété. Dès 2019, elle recrute trois salariés et entame une croissance fulgurante. En 2022, une levée de fonds permet de passer d’un modeste local de 7 mètres carrés à une plateforme technique de 150 mètres carrés, située à Banyuls-sur-Mer. Cette progression illustre l’importance de l’économie bleue et confirme qu’il est possible de concilier impact écologique et viabilité économique.
Mais Anne Leila ne s’arrête pas là. En collaborant avec des industriels engagés, elle démontre que l’innovation scientifique peut résoudre des problèmes sociétaux majeurs. Par exemple, son travail sur les plastiques biodégradables inspire de nouvelles pratiques dans des secteurs variés, de l’agroalimentaire à la gestion des déchets.
Anne Leila : les défis du genre et de la recherche scientifique
Anne Leila n’est pas seulement une pionnière dans son domaine : elle est aussi une voix forte pour les femmes dans la science. Son témoignage met en lumière les difficultés particulières que rencontrent les chercheuses : écart de financement, faible représentation aux postes à responsabilité, et la charge mentale liée à la gestion de leur vie personnelle et professionnelle.
Elle raconte que pendant ses années de recherche, elle a pu ressentir que son genre était un frein. Les femmes sont majoritaires en biologie jusqu’au Master 2, mais elles disparaissent ensuite… La pression de concilier carrière et vie personnelle est immense. Malgré tout, elle incite les jeunes femmes à poursuivre leurs rêves scientifiques, convaincue que les mentalités évoluent.
« La science n’est pas une option pour moi, c’est une évidence », et elle tout mis en oeuvre pour tenir cet objectif.
Anne Leila : réinventer le futur, vers un monde sans pollution plastique
L’ambition d’Anne Leila ne s’arrête pas au plastique. Elle envisage déjà d’étendre ses activités aux pesticides et métaux lourds, avec pour but ultime de résorber les pollutions majeures qui affectent nos écosystèmes.
Son rêve est audacieux : créer des plastiques biodégradables en milieu marin, non toxiques, qui seraient également compostables à domicile. « Si nous développons des matériaux capables de disparaître complètement dans la nature, nous pourrons éliminer une grande partie de la pollution actuelle », explique-t-elle. Ces matériaux pourraient même entrer dans le cycle des biodéchets, transformant ce qui est aujourd’hui un déchet en ressource précieuse.
Cependant, Anne Leila met en garde : la lutte contre la pollution plastique ne se limite pas à la création de nouveaux matériaux. Elle insiste sur l’importance d’une gestion responsable des déchets et d’une réduction globale de l’utilisation des plastiques, notamment dans les zones les plus vulnérables. « Il ne s’agit pas seulement d’incivilités, mais aussi de systèmes défaillants : poubelles qui débordent, tempêtes qui dispersent les déchets, ou infrastructures inadéquates. »
En parallèle, Plastic@Sea travaille sur des projets éducatifs et collaboratifs. Anne Leila collabore avec des écoles, des collectivités locales et des entreprises pour sensibiliser et former aux enjeux de la pollution plastique. Un exemple marquant est la création d’associations locales par des collégiens inspirés par ses interventions, prouvant que l’éducation peut réellement semer les graines du changement.
Anne-Leila : une vision tournée vers l’avenir
Dans les années à venir, Anne Leila espère élargir l’influence de Plastic@Sea. Elle ambitionne de créer des filiales dans des régions clés, comme l’Atlantique ou la Méditerranée, et de renforcer la coopération internationale pour répondre aux défis spécifiques des tropiques, où la pollution plastique a des conséquences dramatiques.
Elle reste toutefois lucide : son objectif ultime est que son entreprise devienne obsolète. « Le jour où nous n’aurons plus besoin de Plastic@Sea, ce sera la preuve que nous aurons résolu ce problème. » D’ici là, elle continue de mobiliser et d’inspirer, rappelant à tous que chaque action compte.
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Anne Leila Meisterzheim prouve qu’il est possible de transformer les défis environnementaux en opportunités d’innovation. Son parcours, entre recherche et action, est un rappel puissant que chacun peut contribuer à changer le monde, un pas à la fois. En faisant le lien entre science et société, elle ouvre la voie à une nouvelle génération de scientifiques et d’entrepreneurs engagés. Il y a encore du boulot pour elle en ce qui concerne la pollution plastique, mais aussi plus de place à prendre pour les femmes dans le milieu de la science.