En 2019, je suis devenue Maman. Je ne me suis jamais vraiment projetée dans ce rôle, et pourtant un jour, j’ai senti que j’étais parée, et hop ! Mais c’est que je me suis vivement appliquée ! J’ai participé à des réunions, pris des cours de préparation, et je crois avoir pu lire tous les bouquins existants sur la grossesse, la diversification alimentaire, l’éducation de l’enfant, la méthode Montessori, et j’en passe… ! Non, non, je ne fais JAMAIS dans la demi-mesure !
Et puis, tout comme il y a la théorie des “robes qui te plaisent et des robes qui te vont” (mais oui tu sais bien, la belle robe dans la vitrine qui a l’air canon mais qui te fait ressembler à un sac quand TOI tu la portes !), il a l’adage “avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants”. Autrement dit, en matière de parentalité, chacun fait comme il peut !
Donc, moi et mes connaissances théoriques, nous avions décidé que j’allais allaiter “parce que c’est bon pour le bébé”, “parce que c’est le premier vaccin”, “parce que c’est recommandé par l’OMS durant 6 mois”, ou encore “parce que ce n’est pas cher” ! Quand je disais que je voulais allaiter, il y avait deux équipes : les TOTALEMENT POUR, pour lesquels c’est l’évidence même qu’un bébé doit être allaité autant que possible, et les INDUBITABLEMENT CONTRE, pour lesquels il est impensable de voir un sein dehors et encore moins dans la bouche d’un mini-toi. Oui, oui, j’ai aussi appris qu’en matière de parentalité, TOUT LE MONDE a un avis à te donner alors que tu n’as rien demandé !
Donc, j’ai allaité mon bébé, et j’ai tenu durant 6 mois, parce que c’est l’OMS qui le dit, et que moi, j’écoute les recommandations officielles (mon côté scolaire !). A 6 mois et un jour j’ai rangé toute la boutique, et nous sommes passé au lait artificiel, et j’ai découvert d’autres plaisirs, comme celui de ne pas oublier la précieuse poudre avant de sortir, de ne pas se planter dans les doses, ou encore de ne pas tomber en rade d’Evian le dimanche ! Mais je dérive (quoi que… coucou la charge mentale !)
En devenant une femme allaitante, j’ai été confrontée à une autre difficulté, qui va de pair avec cette tendance à donner son avis sans y avoir été invité : le regard des autres sur la mère allaitante. C’est ainsi que j’ai découvert qu’allaiter en public n’était pas une mince affaire !
L’allaitement en public : que dit la loi ?
En France, l’allaitement est protégé par la loi et les mères ont le droit d’allaiter leur bébé dans l’espace public, y compris dans les lieux ouverts au public tels que les parcs, les cafés, les restaurants, etc. Nous pouvons d’ailleurs considérer que l’allaitement est un droit de la mère et de l’enfant, pour exemple le Code du travail, dans les articles L1225-30 à L1225-33 précise notamment que l’allaitement est autorisé pendant les heures de travail dans la limite d’une heure par jour, dans l’établissement même, pendant une année à compter de la naissance. En outre, la loi interdit toute discrimination à l’égard des femmes qui allaitent en public.
Il est donc illégal de leur refuser l’accès à un lieu public ou de les discriminer de quelque manière que ce soit en raison de leur allaitement. Dernièrement, il a même été question de créer un délit d’entrave à l’allaitement, passible d’une amende de 1 500 €, mais à ma connaissance, cette proposition de loi n’a pas (encore) été jusqu’au bout.
En résumé, en France, les femmes ont le droit d’allaiter leur bébé dans l’espace public et toute discrimination à cet égard est prohibé. Ça c’est pour la théorie.
L’allaitement en public : c’est quoi le problème en fait ?
En pratique, ce n’est pas aussi simple. Le web et les réseaux sociaux regorgent d’anecdotes sur le sujet ! Une me vient en tête, c’est cette dame priée de se rhabillée alors qu’elle allaitait sur un banc à Disneyland Paris, il y a 2 ou 3 ans, parce que ça pouvait gêner la clientèle. Mouais…
Je dirais que l’allaitement en public fait face à plusieurs problématiques en réalité, même si, je le rappelle, RIEN ne l’interdit !
Il y a parfois une stigmatisation sociale, et même une pression pour se couvrir, certaines personnes percevant l’allaitement en public comme inapproprié ou inconvenant, ce qui peut conduire à des regards désapprobateurs, des commentaires négatifs ou même à des situations de confrontation. Les opposants à l’allaitement en public se cachent derrière des arguments plus ou moins fallacieux, dont le soi-disant attentat à la pudeur… Cachez ce sein que je ne saurais voir !
En définitive, on en revient toujours au même problème : l’instrumentalisation du corps des femmes, et la bien-pensance autour de celui-ci ! C’était le même débat pour la constitutionnalisation de l’avortement…
Il y a aussi le manque de lieux adaptés, ou la problématique de conciliation avec d’autres activités. Il peut être difficile pour les mères qui allaitent de trouver des endroits confortables et appropriés pour nourrir leur bébé en public. Donc concrètement, on fait ce que l’on peut et ce n’est pas aux femmes allaitantes de se sentir gênées !
L’allaitement en public : ce à quoi j’ai pu être confrontée.
Je dois te l’avouer, je fais partie de la team des angoissées pudiques. Au début, il me semblait totalement INENVISAGEABLE d’allaiter en public ! Trop la honte, trop pas confortable, trop bizarre, trop contraignant…
Tu le comprendras si toi aussi tu te prépares à allaiter prochainement, le principe de base de l’allaitement, c’est que c’est à la demande. Donc moi, je me suis retrouvée avec un bébé en pleurs toutes les deux heures, collé à ma poitrine, à me demander comment j’allais pouvoir continuer ma vie avec cette sangsue ! C’est simple, je ne sortais donc pas de chez moi, de peur de ne pas trouver d’endroit approprié (et isolé) pour allaiter. J’ai donc limité un temps ma mobilité. Ouais, tu le vois venir, grosse GROSSE déprime post-partum !
Eh bien là, il n’y a pas 36 solutions, soit tu restes à te morfondre chez toi, soit tu considères que l’allaitement c’est normal, et tu vis ! J’ai pris la deuxième solution, et je me suis équipée de vêtements pratiques pour faire mes affaires. D’une manière générale, je n’ai jamais ressenti d’ostracisme lors de mes séances d’allaitement en public (et j’ai allaité partout !). Peut-être une fois, un couple qui a tourné la tête avec des messes basses, mais pas de quoi me traumatiser. C’est pour cela que je suis révoltée quand j’entends des histoires de femmes enquiquinée parce qu’elles osent allaiter dans l’espace public ! Tourne la tête si c’est trop dur pour tes yeux !
En définitive, la problématique reste toujours la même : l’éducation.
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L’allaitement en public est une pratique naturelle qui devrait être acceptée par la société dans son ensemble, tout en respectant le choix et le confort individuels des mères qui allaitent. Il en est de même pour les mères qui n’allaitent pas d’ailleurs !
En définitive, chacune fait ce qu’elle veut, comme elle le veut, comme elle le sent, et ton avis de bécasse, on s’en tape !
Enjoy !