Il y a des rencontres atypiques dans la vie.
Des personnes vers lesquelles tu as spontanément envie d’aller, parce que leur parcours t’inspire, leur histoire attise ta curiosité, leur audace te bouscule… Bref, elles t’intriguent et tu as envie d’en savoir plus ! Héloïse est une de ces personnes. A 26 ans, elle est à la tête d’une start-up dont l’objectif est de ramener du lien social auprès des seniors hors du domicile. Tu as bien lu, elle a 26 ans, et ça fait 2 ans qu’elle roule la bosse de l’entrepreneuriat. La Gen Z et ses mystères pour les vieilles rombières comme moi !
Lorsque nous nous sommes rencontrées, j’ai tout de suite été admirative et curieuse. Admirative, car c’est un projet plein de sens dans lequel elle s’est embarquée, et qui me parle beaucoup. Curieuse, parce qu’à 24 ans, l’âge qu’elle avait en lançant sa boîte, moi au même âge, j’étais à 10 000 années lumières de ce projet de vie ! Evidemment, en bonne victime du syndrome de l’imposteur, et avec ma quête de reconnaissance, l’idée de créer mon propre emploi en sortant de l’école était une source d’angoisses supplémentaire ! Je n’étais certainement pas prête à sauter dans le grand bain, sans brassards, sans bouée, ni même maillot d’ailleurs !
Créer mon propre job, je n’y ai presque pas pensé à l’époque… Je dis presque, parce que lorsque j’ai signé mon premier contrat de travail, je me souviens m’être alors dit « si ça ne marche pas ce job, tu monteras une entreprise d’aide à la personne« … Donc j’avais déjà cette petite musique dans la tête, mais je ne me sentais pas capable de jouer la partition toute seule. Il m’aura fallu quelques années de plus pour me sentir pleinement légitime, après m’être émancipée de bon nombre de mes croyances limitantes.
Pas Héloïse ! Fraichement diplômée, elle a décidé de concrétiser sa petite idée, imaginée entre le choix du fromage et du dessert dans un rayon de supermarché… Je caricature à peine ! Certains attendront toutes leur vie « la bonne opportunité », « la bonne occasion », « le bon moment »… qui ne viendra peut-être jamais !
Je suis ravie qu’Héloïse ait accepté de témoigner sur le blog, parce que peu importe ton âge, tes diplômes et tes relations, ce qui fait la différence, c’est ta motivation, ton travail et ta détermination.
Héloïse Lamotte : Présentation
Présente-toi : dis nous qui tu es, d’où tu viens et ce que tu fais !
Je m’appelle Héloïse Lamotte. J’ai 26 ans. Je suis née à Paris, mais j’ai grandi dans les Pyrénées-Orientales. J’étais en ZEP (zone d’éducation prioritaire) au collège, établissement Jean Moulin à Perpignan, dans une classe à horaires aménagés musique (CHAM), en lien avec le conservatoire. J’ai ainsi grandi dans une grande diversité, avec des gens différents autour de moi, que ce soit des cultures différentes, des communautés différentes, des niveaux sociaux différents… Donc dans une ambiance très hétérogène ! Et à côté de cela, au conservatoire, les choses étaient très strictes, très cadrées, très rigoureuses… Je pense que c’est cet ensemble fait qui je suis aujourd’hui.
À 17 ans, je suis partie vivre un an en Espagne, en lycée français à Saragosse, pour faire mon année de terminale. Mon objectif était alors d’apprendre l’espagnol. Je n’avais aucune attache hispanique, bien au contraire ! J’aime apprendre, découvrir des choses, et sortir de ma zone de confort. J’avais le projet de faire une école de commerce après mon Bac, et pour cela, je me suis dit qu’il fallait être à l’aise dans plusieurs langues. Je maitrisais plutôt bien l’anglais, mais je peinais beaucoup en espagnol… Et me voilà partie ! En plus, j’y ai fait une crise d’appendicite au bout de 3 semaines… je me suis retrouvée dans un établissement où les jeunes se connaissaient tous depuis 15 ans… et je parlais très peu la langue ! Gros challenge, mais je me suis accrochée !
J’ai toujours eu cette vision d’aller au bout des choses, même si de prime abord les choses se présentent mal. Le conservatoire, au départ ce n’était pas ma grande passion, mais mes parents m’ont toujours poussé à tenir l’engagement, à aller au bout, en me disant que je comprendrai pourquoi plus tard… Donc c’est dans mon caractère, même si je suis dans une position inconfortable, je m’accroche pour tenir mon objectif ! Mon année en Espagne est d’ailleurs une des meilleures années de ma vie.
J’ai ensuite fait l’ESSCA, une école de commerce post-bac en région parisienne. Même défi d’intégration, puisque je fais face à des personnes qui se connaissent déjà de lycées parisiens… Et moi j’arrive de province, et pas la “belle province”, du genre Nice ou Biarritz, non ! Je suis de PerpiGNAÂN ! Je dois démontrer que malgré tout, je suis au même niveau en ce qui concerne le « savoir », et j’ai beaucoup de codes sociaux à intégrer pour le « savoir être ». J’ai passé 6 ans dans cette école, dont 6 mois d’échange universitaire au Mexique. C’était super, je n’étais qu’avec des gens qui ne me ressemblaient pas, et j’ai adoré ça ! Tu apprends tellement des autres !
J’ai fini mes études avec un master entrepreneuriat. Il faut savoir que ce master était la formation que personne ne voulait, parce que moins sélective et très généraliste. Pour autant, j’estime que le niveau était très dur, parce que tu dois être bon partout justement. On t’apprend à gérer une entreprise, et ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile ! Je suis contente d’avoir suivi cette formation, qui, je pense, me permet d’aller plus vite aujourd’hui sur certains sujets. Après mes études, je suis revenue en terres catalanes, et j’ai décidé de monter ma boîte, la société MAINS D’ARGENT.
Bonne transition ! Présente nous ta vie professionnelle : tu fais quoi et depuis quand ?
MAINS D’ARGENT, c’est ma vie professionnelle depuis 2 ans. Notre mission est de lutter contre l’isolement social de nos aînés en leur offrant une compagnie gratuite hors domicile. Avec le service de Compagnons d’emplettes, nous permettons aux personnes âgées de faire leurs courses en bonne compagnie, dans nos supermarchés partenaires, avec la présence d’un petit-fils ou d’une petite-fille de substitution.
L’idée m’est venue un beau jour où je faisais moi-même mes courses dans un supermarché, à penser “ce n’est pas normal qu’il y ait autant de personnes âgées seules dans le magasin, au vu et au su de tout le monde” ! Je me souviens voir les bureaux juste au-dessus des rayons, donc la direction voit tout ce qu’il se passe dans la surface de vente, et cette solitude du quotidien devenue totalement banale… Je me suis dit qu’il fallait adapter le magasin aux attentes des personnes âgées, ce qui permettait d’avoir à la fois de l’impact social, mais aussi de la fidélisation client. Voilà le point de départ.
Il faut savoir qu’initialement, je ne savais pas ce que ça voulait dire “monter une boîte”… Dans mon entourage personnel et familial, je n’ai pas d’entrepreneur, cette culture là ne m’a pas été transmise. J’avais l’impression que pour être Cheffe d’entreprise, cela relevait d’être une super héros et d’avoir des supers pouvoirs !
Le sujet m’intéressait, notamment grâce à mes études, mais je ne me suis jamais dit “c’est ça que je veux faire après”. Sortant de mon école de commerce, je me suis décidée : au lieu de postuler à droite et à gauche, j’allais tout simplement créer mon job. J’étais en stage auprès d’une marque de cosmétiques, ma manager évoluait vers un autre poste, et m’avait encouragé à postuler. Mais je ne me projetais pas du tout dans ce schéma… Je me souviens m’être fait la réflexion suivante “vendre des mascaras, tout le monde peut le faire” ! J’avais envie, en me levant tous les matins, de servir à quelque chose, d’avoir un impact, une utilité pour la société. Cette quête de sens de ma vie professionnelle me semblait indispensable.
Comment fonctionne MAINS D’ARGENT ?
Au même titre que Doctolib ou AirBnB, nous sommes une plateforme de mise en relation entre les supermarchés et les Compagnons d’emplettes. Le magasin paie pour une prestation de services. Nous, on s’occupe de la partie recrutement, formation, coaching, communication et retour d’information. Bref, tout le suivi opérationnel. Nous sommes un outil d’amélioration de la connaissance et de fidélisation client du magasin, tout en assurant un lien social important, qui permet d’améliorer l’expérience client.
Et donc, à 23-24 ans, pas du tout l’angoisse de “vite, je dois trouver un job pour m’intégrer dans la vie active…” ?!
Je me suis laissée 2 ans devant moi pour tenter l’aventure entrepreneuriale, et si à l’issue, il n’y avait pas d’évolution possible, je stopperais le projet, et rechercherais un poste de salarié. MAINS D’ARGENT a 2 ans aujourd’hui… Nous sommes maintenant une équipe de trois personnels permanents, deux salariés et moi-même, nous travaillons avec une vingtaine de supermarchés dans toute la France, et nous préparons une levée de fonds pour accélérer le développement. Donc je ne suis pas partie pour virevolter dans le salariat !
Tu avais déjà eu une sensibilité avec le public senior ?
Non même pas ! Je ne cherchais pas quelque chose, ni LA bonne idée… D’ailleurs, d’autres l’ont eue aussi ! Mais j’ai décidé de me lancer, de concrétiser ce projet, en étudiant les objectifs de viabilité économique, en y intégrant une dimension B to B… Beaucoup d’apprentissages aussi, car la grande distribution est un secteur que je ne connaissais pas. Je suis contente d’ailleurs d’apporter mes réflexions pour le faire évoluer.
Héloïse Lamotte : Parcours
Ta formation initiale en école de commerce t’a donc beaucoup servi dans la construction du projet ?
Je pense qu’elle m’a aidé dans la vision, oui, mais pas dans la pratique. Il y a beaucoup de choses que j’apprends sur le tas, comme la comptabilité par exemple. C’est plutôt une question de voir les choses ainsi : « OK, tu es polyvalent, tu fais parfois des choses que tu n’aimes pas, mais ça fait partie du job d’entrepreneur, tu as des responsabilités, et tu dois aller vite et exécuter ! ». Cet état d’esprit m’a servi : on sait prendre des risques, on n’attend pas que tout soit sécurisé avant de prendre une décision. On peut se tromper et dans ce cas on se relève, ce n’est pas grave. Le mental, c’est une très grande part du boulot !
Ce projet était-il évident pour toi ? Comment s’est-il finalement imposé ?
Je ne voulais plus rester à Paris, et je voulais revenir dans ma région, à Perpignan. Cependant, le territoire n’est pas le même, et je ne pouvais pas avoir les mêmes attentes ni les mêmes exigences. Je me suis donc dit “OK, tu rentres ! C’est l’occasion de monter ta boîte, tu n’as pas de frais importants, tu vis chez tes parents, c’est le bon moment”. Monter mon entreprise ne signifiait pas, pour moi, engager un emprunt et dépenser de l’argent avant d’en gagner. J’ai donc décidé de me lancer dans ces conditions, j’y arrive tant mieux, je n’y arrive pas tant pis, j’aurais au moins essayé ! J’ai cru dans mon idée, et ça ne tenait qu’à ça finalement.
As-tu été accompagnée et/ou as-tu suivi une formation dédiée ? Si oui, dans quel domaine ?
Oui. Au démarrage, je ne savais pas quoi faire, par quoi commencer, où aller… On a l’idée de départ, mais pas la direction ! J’ai été accompagnée par une structure lilloise, à distance. Oui, je sais, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Le projet avance parce que nous sommes basés géographiquement dans le Sud, mais on rayonne partout en France.
Très tôt, j’ai eu une dimension nationale d’accompagnement, avec des directives et études de marché, des tests, des POC (preuve de concept), et cette culture de ne pas dépenser d’argent tant que tu n’en as pas. Ça d’ailleurs, c’est très important pour moi : tu peux tester toutes les idées en ne dépensant rien du tout, j’en suis convaincue ! Au démarrage, j’appelais moi-même les magasins et je m’occupais de tout le process d’organisation et de mise en relation, le tout de manière très “artisanale”. Aujourd’hui, j’ai investi dans une plateforme qui me permet de le traiter. Il faut accepter dès le départ que ton produit, ton service, va évoluer dans le temps. Pour démarrer, le principal, c’est de réussir à générer de l’argent avec rien du tout, ou alors très peu. Ensuite, il y a eu la preuve de concept. Puis tout de suite, une très grosse traction médiatique, un premier reportage sur BRUT par exemple, et derrière, cela s’est multiplié sans que nous ayons à sourcer un média. Cela a évidemment beaucoup aidé pour la visibilité.
Localement, il y a aussi eu la participation au prix Alfred Sauvy, où MAINS D’ARGENT a fini en troisième position du palmarès 2022. Par la suite, j’ai été accompagnée par l’UPVD In Cube & BIC Plein Sud à Rivesaltes. Aujourd’hui, lauréate du programme Tremplin de la French Tech, je suis hébergée au sein de la pépinière IMPACT à Techno Sud et suivie par le BIC Plein Sud.
Héloïse Lamotte : Evolution
Quelle a été ta plus grosse erreur dans la conduite de ce projet ?
Oula ! Oui, j’ai fait des erreurs… Beaucoup en recrutement ! Quand on recrute, il y a ce besoin, parfois urgent, d’avoir quelqu’un. On a tendance à baisser nos attentes et nos exigences en fonction des profils rencontrés. Parfois, à défaut du candidat idéal, ou tout au moins qui coche toutes les cases que nous recherchons… Et on se dit “OK ça va le faire”… mais en fait non ! Il faut accepter de prendre le temps de recruter : si on n’a pas LE (LA) candidat(e) ce mois-ci, c’est pour trouver un meilleur profil le mois suivant, il ne faut pas se précipiter. C’est ça le plus dur finalement, le facteur humain !
Quels enseignements en as-tu tirés ?
Outre la patience, je dirais que cela m’a appris à m’écouter ! Si j’ai des attentes précises, je ne dois pas baisser mes exigences, et prendre le temps de trouver le profil qui correspond à ce que je recherche, et pas autrement.
Et quelle a été ta plus grande réussite avec MAINS D’ARGENT ?
Je pense que ce sont les retours que l’on a des clients chaque jour. Par clients, j’entends les usagers du service de compagnons d’emplettes, les seniors donc. Je te montre une photo du moment (image d’un jeune entouré de trois dames âgées), en direct d’un magasin de Rouen : ce jeune, le compagnon d’emplettes, faisait les courses avec cette première dame, et dans les rayons il s’est fait alpaguer par cette seconde dame, qui cherchait un produit. Elle lui a demandé ce qu’il fait avec la première dame, il le lui explique, et elle a immédiatement adhéré au concept. Cette seconde dame s’est ainsi ajoutée au binôme initial. Ils ont continué de faire les courses ensemble, tous les trois, et à la fin, une troisième dame les a rejointes à son tour pour finir ses courses avec eux ! Finalement, il y avait donc un jeune avec trois seniors inconnues, qui ont passé un bon moment ensemble, qui ont rompu leur solitude ordinaire, et ça c’est une victoire. D’ailleurs, en partant, les trois dames ont échangé leurs numéros de téléphone. C’est incroyable ! Trois mamies qui sont devenues copines dans un supermarché grâce à Waheb qui est Compagnon d’Emplettes ! C’est gratifiant de constater que nous avons de l’impact, que le service que l’on propose a une utilité sociale.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à concilier ces deux dernières années ?
Quand tu es solo-entrepreneur, bah… tu es solo ! Tu n’as pas de collègues, tu as potentiellement des salariés, et donc il y a une hiérarchie à respecter, une certaine distance, surtout quand tu as le même âge que tes collaborateurs ! Quand il y a des problèmes, tu ne comptes que sur toi ! Assumer tout, toute seule, ce peut être assez dur aussi. Je suis d’ailleurs en train de me structurer pour répartir ces missions et rôles.
Qu’as-tu gagné à mener ce projet ?
Tellement de choses ! Déjà, une meilleure estime de moi : je suis capable de faire ça ! Oui, c’était du boulot, mais on l’a fait !
TU ! Pas le pronom indéfini, c’est “tu l’as fait” !
Oui, c’est vrai, JE l’ai fait ! J’ai aussi réussi à me construire un réseau professionnel solide, grâce à mon développement et mes compétences. Si demain par exemple, je décidais de poursuivre ma carrière dans la grande distribution, je sais que j’ai fait mes preuves, et je pourrais déclencher des opportunités. C’est valorisant !
Où te vois-tu dans 10 ans ? Et fais attention à ce que tu vas dire, dans 10 ans tu auras mon âge actuel !
Oula ! Soit, j’ai très bien réussi, et je peux vivre d’un projet passion. Par exemple, j’aimerais bien lancer une marque de prêt-à-porter dédiée au golf. Dans une autre vie, lorsque j’avais un peu plus de temps, je jouais au golf, et je m’estomaquais à chaque fois du prix des vêtements et équipements de cette discipline. La fédération veut couper court à cette vision élitiste du sport, mais ça tape au portefeuille avant même de mettre un pied sur le green ! Toujours dans cette logique qui me plait, d’apprendre plein de trucs, de découvrir des tas de choses que je ne connais pas…
Tu es quand même dans la logique de créer quelque chose, d’entreprendre, je trouve ça génial !
Je te dis ça, mais peut-être que je serai épuisée, et j’aurais juste envie de me trouver une activité plus tranquille ! En tout cas, MAINS D’ARGENT serait toujours là, que j’y joue un rôle, mais qu’il soit beaucoup moins opérationnel. Que j’ai pu mettre en place une structuration, avec plus de salariés, pour me consacrer à d’autres projets. Ça, c’est l’idéal.
Soit ça n’a pas fonctionné, ou c’est retombé. Eh bien ce n’est pas grave ! Je ne m’inquiète pas ! Même si je dois me reconvertir dans autre chose, je serai là où j’aurais décidé d’être !
Héloïse Lamotte : Inspirations
Quelle est ton héroïne dans l’Histoire, et pourquoi ?
C’est difficile, il n’y a aucun nom qui me vient spontanément. Il y a des femmes connues pour des niches ou des inventions particulières, des femmes qui ont fait l’Histoire, mais je ne connais pas tout leur parcours pour m’en sentir inspirée. Je vais profiter de mes vacances, qui commencent demain, pour réfléchir à cette question et la réponse que je pourrais donner à l’avenir !
D’où l’importance du blog, et la mise en avant de parcours féminins inspirants ! Sans transition, quelle faute t’inspire le plus d’indulgence ?
C’est aussi une question difficile, car je suis une personne très exigeante et très rigoureuse. La rigueur et la ponctualité, c’est non négociable pour moi par exemple ! À vrai dire, à l’écoute de cette question, je ne pense qu’aux fautes en tolérance zéro !
As-tu un mantra / une devise / un dicton / une citation qui te motive ou qui te guide ?
J’en ai retenu un dernièrement, issu du podcast de Pauline Laigneau, et de son entretien avec Patrick Mouratoglou, qui a été le coach de Serena Williams, entre autres. Il a dit “seuls les poissons morts nagent avec le courant” et ça m’a marqué. Cela veut dire que tout est accessible à tout le monde, c’est juste la volonté que tu mets à le faire. Dans mon cas, je me souviens du conseil de ma petite sœur, analyste dans un cabinet de M&A à Paris aujourd’hui, qui était de me trouver un job salarié un an “pour voir après”.. Je n’aurais jamais concrétisé mon projet ! Parce qu’après, une fois que tu es rentré dans ton confort, c’est très dur d’en sortir. Il y a tellement d’exemples d’application de ce mantra : parmi les compagnons d’emplettes, des étudiants étrangers qui nous rejoignent pour s’intégrer à la société ; des jeunes en écoles de commerce, qui sortent de leur zone de confort pour partir en échange à l’étranger… Réaliser quelque chose est une question de volonté !
C’est un peu comme mes parents, qui nous disaient à ma sœur et moi, “vous nous remercierez plus tard pour le conservatoire”. On ne comprenait pas cette phrase ! Pour nous, c’était horrible : quand tu es petit, à 8 ans, que tes copains sont aux anniversaires les mercredis, que toi tu es en auditions… Et le soir, tu dois écouter de l’opéra… Tu es un peu en décalage ! Mais là, aujourd’hui, leur phrase a bien plus de sens, car le conservatoire m’a beaucoup appris, au-delà de la culture musicale. Ça m’a ouvert les yeux sur beaucoup de sujets, comme celui d’accepter la différence. Quand tu es jeune et que tu ne fais pas la même chose que les gens de ton âge, ça peut vite être traumatisant ! Donc intégrer très tôt qu’il faut de tout pour faire un monde, que la différence n’est pas excluante, cela permet de s’adapter aux autres, et de savoir vivre en communauté.
Que dirais-tu à la jeune femme que tu étais il y a 5 ans, qui hésite à se lancer dans l’entrepreneuriat, ou bien dans la vie tout court ?!
Il y a 5 ans, j’étais vraiment en mode “vie étudiante”, avec aucune vision… La seule question qui avait vraiment de l’importance était “on sort où ce soir ?” ! En 2019, je fais un stage en entreprise, dans une boîte anglaise qui venait d’ouvrir une antenne à Paris, type AirBnB de luxe : The Plum Guide. Le manager me fait confiance, me met au même niveau de travail que les autres, malgré mon stage, en me confiant de vrais objectifs, et pas juste les photocopies et le café ! Je devais ainsi appeler des prospects, pour les convaincre de confier leur bien à la plateforme. Je me mets rapidement dans l’action, et au fur et à mesure de l’exécution, je suis de plus en plus à l’aise. Cet état d’esprit et cette situation de travail m’ont permis de faire évoluer ma vie d’étudiante vers une vie plus adulte, plus mature… Et aujourd’hui, c’est peut-être ce qui me fait défaut, ce trop-plein de maturité, qui nourrit des décalages parfois. Je dirais donc à celle que j’étais il y a 5 ans, de ne pas oublier de prendre aussi de temps pour soi, décélère un petit peu Héloïse !
Quelle est LA chanson qui te motive quand tu as le moral dans les chaussettes ?
Je mets une playlist Disco en général, et c’est reparti… Boney M… Earth Wind and Fire… J’ai vu le groupe cet été d’ailleurs à Canet ! Même là, au concert d’un groupe des années 1970, je me suis dit “mais tu n’es pas où tu dois être” : autour de moi, que des retraités, c’était la maison de retraite… Pas grave, j’adore !
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Alors, je ne t’avais pas dit qu’Héloïse est une super nana ?! Son parcours, qui ne fait que commencer, est très inspirant. Si tu ne dois retenir qu’une seule chose de cet échange, ce sera le suivant : laisse tomber tes croyances limitantes, fixe-toi des objectifs réalistes, et donne-toi les moyens d’y arriver ! Et puis si ça ne fonctionne pas, « échec » n’est pas un gros mot, tu seras allé(e) au bout de ton idée, et ça c’est une victoire.
Si tu veux en savoir plus sur les Compagnons d’emplettes, c’est par ici, et pour contacter Héloïse, c’est par là !
Enjoy !