Yvonne edmond foinant

Cette semaine, comme chaque année, nous célèbrerons la journée internationale des droits des femmes. Comme chaque année, nous aurons des reportages TV en tout genre, plus ou moins douteux et plus ou moins sérieux, sur les inégalités femmes-hommes, la répartition des tâches ménagères dans les foyers, la charge mentale, la féminisation des instances dirigeantes du CAC 40, ou encore, la parité dans la vie politique. Chic !  

Il y a aura aussi de multiples évènements autour de ce sujet un peu partout… Oui, c’est bien du sarcasme que tu ressens dans cette introduction, parce que cette journée du 8 mars se pose dans le calendrier, entre la journée européenne de l’orthopédie (ne l’oublie pas, c’est le 6 mars 😉 !) et la journée mondiale de la plomberie (donc le 11 mars, pense à ta salopette de Mario !). Alors bon, j’ai quelques doutes quant à l’importance de cette date, les femmes méritent bien plus qu’une journée dans le calendrier… 

Sarcasmes

Ceci étant dit, il faut faire avec, et voir le côté positif de la chose : une mise en lumière des problématiques connues par les femmes s’agissant de leurs droits ! A cet effet, je souhaite aujourd’hui te présenter une grande inconnue de l’Histoire, hautement inspirante, et dont le parcours a grandement servi les droits des femmes. Aujourd’hui, je vais te parler d’Yvonne Foinant.  

Si tu n’es pas familière du mouvement des Femmes Chefs d’Entreprise, tu ne connais pas Yvonne, et c’est bien dommage ! Je compte, avec mon humble contribution, élargir ta culture générale et historique.  

Mais qui est donc Yvonne Foinant ? 

Si tu vas sur la fiche Wikipédia d’Yvonne Foinant (d’ailleurs, la fiche est bourrée d’erreur, ne t’y arrêtes pas longtemps, reste avec moi plutôt !), tu apprendras donc que notre chère Yvonne est née à Paris fin du 19ème siècle, qu’elle est décédée dans l’Oise en 1990, que c’était une “industrielle française”, et qu’elle a été élue dans différentes instances professionnelles. Bref, rien de notoire sur le papier à première vue. C’est bien ça qui pêche !  

Yvonne s’est mariée avec Edmond, qui lui-même a fondé une société de fabrication d’outillages avec son frère dans les années 1910. Sauf qu’Edmond, et les autres Messieurs, ont tous été mobilisés lors de la première Guerre Mondiale… mais Yvonne ne s’est pas démontée, et elle a pris les rênes de l’entreprise et a continué de la faire tourner, et elle devient la première femme Maître de forge ! Badass Yvonne !  

We can do it

A la fin de la guerre, Edmond en est revenu, mais Yvonne ne comptait pas repartir si facilement, et revenir à sa vie d’antan, elle aspirait à autre chose… Nous sommes tout de même en 1918, imagine le décalage avec l’époque et la place des femmes dans la société ! Elle a donc eu un poste dans l’entreprise, son mari étant lui aussi vraisemblablement féministe, et en devint la directrice commerciale, jusqu’au décès soudain de son époux en 1938.  

A partir de cette année, elle prendra la direction de l’entreprise familiale, à une époque où les femmes en France n’avait même pas le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari (1965), ni même le droit de vote (1944) ! Elle a eu le courage de se relever les manches pour assurer la continuité de l’entreprise.  

Donc Yvonne, c’est une nana qui en a 

Quel est le parcours d’Yvonne Foinant ? 

Je ne vais pas te faire le récap’ de ses années d’études, du nombre de ses enfants, ni même de ses hobbies, soit tranquille ! De toute façon je n’en sais rien !  

Donc Yvonne, en 1938, elle devient “La Patronne”, et elle ne compte pas en rester là ! Elle veut aussi prendre part à la vie économique du territoire, faire entendre sa voix, et peser dans la gouvernance. 

Pour ta culture, saches que le droit de vote des femmes en France date de 1944, mais dès 1883, les femmes avaient le droit d’être électeur et éligibles dans les tribunaux de commerce, puis en 1924, même combo gagnant pour les chambres de commerce. Enfin… Ça c’est en théorie ! En pratique, il faudra attendre la fin de la seconde Guerre Mondiale pour que les femmes prennent réellement part à ces instances. Et devine qui y est allée la première, hein ? Bah oui, notre chère Yvonne !  

Badass

En décembre 1945, elle est la première femme élue dans une chambre de commerce, en l’espèce celle de Paris, et en 1947, elle intègre le comité directeur d’un syndicat patronal, aujourd’hui connu sous le nom de MEDEF.  

Yvonne Foinant est donc LA PREMIERE FEMME a avoir activement pris part à la gouvernance économique de notre pays, et elle a été élue par ses pairs aux instances dirigeantes. D’ailleurs, pour te situer encore un peu le contexte historique de cette pionnière, il faudra encore attendre 1947 pour rencontrer une femme assise à la table du conseil des ministres (Madame Germaine Poinso-Chapuis, ministre de la Santé publique et de la population), et 1991 pour voir une femme nommée Premier ministre (et rappelons qu’il se sera passé 30 ans de plus pour en voir une seconde à ce poste !).  

Donc Yvonne, ce n’est pas du petit calibre ! 

Que reste-t-il d’Yvonne Foinant de nos jours ? 

Comme tu peux l’imaginer, en sa qualité de pionnière, Yvonne s’est sentie terriblement seule au milieu de tous ces Messieurs à col blanc ! Elle est cruellement consciente des difficultés pour les femmes à se faire admettre dans les “hautes sphères”, que ce soit dans les syndicats professionnels, les instances consulaires, ou encore les fonctions officielles et dirigeantes.  

Elle a ainsi voulu offrir aux femmes les mêmes armes que ces messieurs, et a initié un mouvement à destination des femmes dirigeantes d’entreprises. Elle fonde en 1945 l’association des Femmes Chefs d’Entreprises, dont les objectifs sont notamment :  

  • D’encourager les femmes à la prise de responsabilités dans les entreprises, mais aussi dans les mandats patronaux et représentatifs ; 
  • D’encourager les femmes à participer à la gouvernance économique du territoire ; 
  • De proposer aux femmes dirigeantes d’entreprises un espace d’information, de formation, de promotion de la solidarité, de partages d’expériences, de bienveillance et d’entraide.  

Elle y instaure une devise, lourde de sens : Seules, nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles. 

Yvonne Foinant ne le sait pas encore, mais son idée va vite faire des petits, et bientôt, ce seront près de 60 délégations départementales, plus de 2 000 femmes chefs d’entreprises adhérentes, représentants ensemble plus de 40 000 salariés et 500 mandats dans les différentes instances patronales et économiques en France.  

Le réseau deviendra aussi international, toujours sous son impulsion. Aujourd’hui, l’association est présente dans près de 70 pays, représentant cinq millions d’entreprises, réparties sur les cinq continents !  

Décollage

*** 

Alors, je ne t’avais pas dit que connaitre Yvonne Foinant valait le détour ? 

Encore une femme de l’Histoire méconnue, et j’espère que mon humble contribution permettra de l’établir à sa juste place.  

Enjoy ! 

La Cheftaine, le blog dédié aux femmes du 21ème siècle

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