Nous revoilà pour aborder un sujet de société éminemment important : la charge mentale !
Car oui, le combat féministe passe aussi par là, oui, oui, oui Madame ! Au fond, quand tu y réfléchis, c’est même parfaitement logique : tu ne peux pas réclamer l’égalité à tout bout de champ et ne pas songer à la base, ta quiétude mentale, particulièrement au sein de ta cellule familiale !
J’ai pris conscience de cette notion lorsque les médias ont commencé à en faire tout un foin, il y a tout juste quelques années. Une des premières définitions de la charge mentale a pourtant été posée dès 1984, par Monique HAICAULT, sociologue française, qui la résume comme « le fait de penser à un domaine alors qu’on se trouve physiquement dans un autre« . Concept donc connu depuis une cinquantaine d’année, le sujet est finalement évoqué de manière assez récente, placé au cœur du débat public concernant les inégalités femmes-hommes.
Attention, ceci est un article sur un sujet de société, mais de mon point de vue hétéronormé, milles excuses si tu ne t’y retrouves pas, mais c’est mon blog, et je parle de ce que connais finalement, bisous !
La charge mentale : c’est quoi ?
La charge mentale fait référence à la charge cognitive et émotionnelle supplémentaire, que les femmes assument souvent dans leurs vies familiales, en plus de leurs responsabilités professionnelles. Cela englobe les nombreuses tâches, invisibles et non rémunérées, qui sont nécessaires pour organiser et gérer la vie quotidienne de la famille.
La charge mentale inclut notamment des activités telles que la planification des repas, la gestion des calendriers familiaux, l’organisation des rendez-vous médicaux, la coordination des activités extra-scolaires des enfants, la gestion des tâches ménagères et domestiques… Ces responsabilités mentales exigent une attention constante, de la mémoire et de l’anticipation, ce qui peut entraîner un stress et une fatigue supplémentaires pour les femmes.
Il est important de noter que la charge mentale ainsi portée par les femmes, n’est pas nécessairement due à un manque de participation ou d’implication de la part des hommes, mais plutôt à des normes sociales et des attentes de genre qui persistent ! Les femmes semblent plus facilement conditionnées à assumer le rôle de « gestionnaire » du foyer, même si elles travaillent également à l’extérieur de la maison.
La charge mentale peut avoir un impact négatif sur la santé et le bien-être : il faut jongler avec de nombreuses responsabilités et on peut vite se sentir débordées !
La charge mentale dans un couple, en pratique
En pratique, dans un couple, ça rime à quoi… ? Eh bien prenons mon exemple !
Mon mari et moi sommes dans une relation que j’estime respectueuse, bienveillante et égalitaire. Nous avons des niveaux de revenus similaires, nous nous invitons chacun notre tour au restaurant, nous avons engagé quelqu’un pour nous aider aux tâches ménagères principales payée 50/50, nous étendons le linge chacun notre tour, gérons réciproquement le lave-vaisselle, etc., et nous occupons ensemble de l’éducation de notre fille.
Chouette me diras-tu, le couple hyper moderne, bravo le féminisme en marche !
Sauf qu’en vrai (pardon chéri, la vérité est parfois cruelle) :
- Je gère le budget familial seule, il n’a qu’à suivre le montant du virement que je lui indique de faire en début de mois (oui il m’aime quand même, il a confiance, je ne suis pas partie au soleil avec son pognon, au lieu de ça je lui taille des shorts sur Internet !). Jusqu’à récemment, il ne connaissait même pas le code pour se connecter à notre compte joint : si je passais sous un bus, il ne pouvait même pas payer mon cercueil avec notre argent (et encore, je ne pense pas qu’il connaisse le code aujourd’hui, mais merci le générateur de mot de passe !)!
- Je fais les courses et vais les chercher seule, à de très rares exceptions près, alors que nous sommes clients d’un supermarché drive, et qu’il pourrait aussi aller les chercher ! Bon, dans 95 % des cas, on range les courses ensemble (mais il y a toujours un truc qu’il ne sait pas où mettre dans le placard, alors qu’on habite la même maison !) !
- Je propose le choix du restaurant dans les 2/3 des cas, idem pour les sorties familiales, et j’organise TOTALEMENT nos vacances (et en plus il trouve le moyen de critiquer le programme !) !
- Je gère tous les échanges avec notre aide-ménagère, je suis sûre qu’il a même oublié son prénom et le nom de l’agence qui nous l’envoie !
- Je passe mes jours off à lancer des lessives, quand lui attend de se rendre compte qu’il n’a plus de caleçons propres pour mettre du linge dans ladite machine (et je ne te parle pas des tenues douteuses qu’il choisit pour notre fille quand la panière de linge sale déborde !) !
- C’est mon numéro de téléphone qui est noté en premier dans toutes les formalités d’inscriptions en tout genre, pour les urgences de notre fille. D’ailleurs, il ne va pas chercher la petite à l’école, il attend l’heure de la garderie, parce qu’il ne sait même pas se rendre dans sa classe !
- Il n’a JAMAIS emmené SEUL notre fille chez le médecin ! D’ailleurs, il ne connait même pas le nom de notre généraliste, et n’a vu qu’une seule fois la pédiatre, pour la visite des un mois (et elle a bientôt quatre ans et demi !).
- Si je ne lui rappelle pas la date de la kermesse, l’heure de l’activité extra-scolaire, ou encore l’invitation à l’anniversaire de Dorothée, bah l’enfant n’a pas de vie sociale !
- Et si j’oublie de prendre ma pilule, sur un malentendu, on risque de composer une équipe de foot !
Le tout en travaillant à temps plein, dans un job lui aussi particulièrement prenant, mais où je suis cette fois payée pour assumer cette charge mentale (c’est tout aussi lourd, mais c’est mon job !).
Tout ça, c’est de la charge mentale : du travail invisible, non rémunéré, que je fais pour que ma famille fonctionne, parce qu’avant moi j’ai toujours vu ma mère le faire, et que mon mari s’est toujours laissé vivre parce qu’il a aussi reçu cette éducation. C’est simple, quand j’étais gamine, et que je demandais un truc à mon père, genre aller chez une copine ou une sortie, il ne prenait pas de risque, et sa réponse était toujours la même “demande à ta mère” ! OH MY GOD, je suis devenue ma mère !!!
Bref, c’est “normal”, je n’en tire aucune gloire, même pire, je me rends malade si je n’arrive pas à tout enchainer ! Et le pompon, c’est quand ma moitié ose se plaindre de la façon dont j’ai fait les choses, alors qu’il n’en a pas ramé une (« pourquoi il n’y a pas plus de produits frais dans le frigo »… bah fallait faire les courses mon coco !) ! En fait, il n’a même pas conscience de tout le boulot fait, il ne voit que la partie émergée de l’iceberg…
Et donc maintenant, on fait quoi avec la charge mentale ?!
Maintenant que nous avons posé les mots sur les maux, comme on dit dans mon milieu professionnel, il faut « engager des actions correctives » ! De mon point de vue, en mesure immédiate dans la vie de couple, il y a quelques solutions :
- Râler, fortement et avec plus ou moins de verve : déjà testé, peu productif !
- Faire la grève du zèle : déjà testé, contre productif également !
- Faire la grève tout court : impossible, je craquerai la première, je n’ai aucune volonté !
- Disparaitre un temps et le laisser découvrir la vraie vie : pas encore testé, mais c’est une solution assez extrême, non ?!
En réalité, je n’ai aucune méthode pour réussir à inverser cette tendance sous mon propre toit, alors à l’échelle de toute la société, tu penses bien ! Je dirai qu’il faut mettre un peu tout ça en place, en redéfinissant les priorités, et laisser un peu plus de place à l’autre, pour qu’il prenne sa part de charge mentale. Et puis il faut aussi poursuivre le rabattage médiatique, et que la prise de conscience soit globale : que les hommes se rendent compte qu’ils se laissent un peu trop porter sur certains points, mais que les femmes prennent aussi conscience que tout ce travail de l’ombre les dessert plus qu’il ne les sert !
J’oubliais, précision utile : les hommes ne sont pas là pour « aider » aux tâches domestiques, mais bel et bien pour « participer », et donc faire leur part, pleine et entière, de boulot ! Quand tu dis « mon mec m’aide », ça sous-entend que c’est TON boulot et qu’il vient te filer un petit coup de main, pour que tu ailles un peu plus vite. Autrement dit, ton mec peut t’aider à débloquer cet ordinateur à la C*** qui ne fonctionne jamais quand il le faut, mais lorsqu’il gère les enfants, il fait donc son boulot de co-parent, et tout comme toi, il n’aura donc AUCUNE médaille, ni AUCUN mérite !
Pour une illustration plus complète, je t’invite à lire « Fallait demander » d’Emma, en consultation libre et gratuite en ligne via ce lien.
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L’éducation, qu’elle soit dès l’enfance, ou plus tardivement, est la clé, la prise de conscience également, mais aussi et surtout, la BANALISATION de ces sujets.
Enjoy !