Aujourd’hui, La Cheftaine lance un nouveau pavé dans la mare : maternité ET vie active.
Rien que la rédaction de cet article m’agace : curieusement, peu de choses sur la notion de vie active et paternité !!! Avant d’écrire ce billet j’ai fait un petit test sur Google, que tu peux aisément reproduire :
- J’ai tapé « vie active et paternité » : on reste très pragmatique, avec les droits à congé par exemple.
- Puis « vie active et maternité » : et là c’est la foire à la saucisse, tu trouves de tout ! Sans déconner cette thématique fait vendre du papier !
Allez, discutons-en veux tu ?!
Vie active et maternité : un diktat ?
Doit-on être mère pour être une femme accomplie ? Ou peut-on être une femme épanouie et ne pas vouloir d’enfant ? Ou encore, être une femme qui a des enfants et détester son rôle de mère ?
Je ne répondrai à aucune de ces questions dans ce billet, à chaque question correspond tant de schémas de vie ! Mais en vérité, je constate que peu d’hommes se posent autant de questions, et d’ailleurs, la société ne leur pose pas ces questions ! Un homme peut avoir 15 enfants, ou ne pas en avoir, tout le monde s’en tamponne le coquillard !
Toujours est-il cependant, et tu l’auras remarqué particulièrement si tu une femme en âge de procréer (et si tu passes la trentaine rolala!!), que tu as une situation professionnelle établie, et une relation amoureuse plus ou moins stable (quoique critère non indispensable !), tu as nécessairement droit à la question qui tue : « et toi le bébé c’est pour quand ? ».
Eh bien oui, je te mets à l’aise, c’est une question gênante, intrusive et déplacée, et on en a marre de l’entendre !
Lorsque je n’avais pas d’enfant, il ne se passait pas un jour, NON PAS UN JOUR, sans que quelqu’un me pose cette question ! Et les gens sont sans filtres quand il s’agit de l’utérus des autres :
- Tu as ceux qui te posent la question, mais qui te font la réponse illico à ta place : « tu as le temps pense à ta carrière ! », « tu verras avoir un enfant changera ta vie », « j’espère que tu n’es pas stérile », et mon préféré « il faut au moins faire un enfant, tu verras quand tu seras vieille il s’occupera de toi » ! Bah oui, ayons un enfant pour prévoir notre retraite !
- Tu as ceux qui te posent la question et qui sont en désaccords avec ton choix de ne pas en avoir dans l’immédiat (ou pas tout court !), et te le font savoir : « tu es égoïste », « une femme sans enfant c’est impensable », « attention, l’horloge tourne », « tu regretteras ce choix c’est sûr », et mon préféré qui revient “mais qui s’occupera de toi quand tu seras vieille” ! Bah oui, autant élever ta propre auxiliaire de vie, ça te servira un jour !
- Et tu as ceux qui veulent te convaincre de ne pas avoir d’enfants (alors que toi tu ne sais pas ce que tu veux !) : « non mais on est trop nombreux sur la planète », « avoir un enfant dans notre société, c’est du suicide », « ton boss va te mettre au placard », et mon préféré ici encore « toi, avoir un enfant, tu n’y penses pas, tu ne seras pas une bonne mère » ! Bah oui, toi t’es la personne idéale pour élever des gosses !
Oui, tu as déjà entendu mille fois tout ça, et chacune de ces réponses, et toi aussi tu te poses ces questions, et tu n’en peux plus ! D’ailleurs, je n’ai pas le sentiment que ces interrogations sont posées aux hommes, et l’égalité passe aussi par-là : posons ces questions aux hommes !
Et si tu n’as pas encore passé le cap de la maternité, je vais te délivrer un secret : si tu as un enfant, il sera à peine né qu’on te demandera « quand est-ce que tu fais le deuxième » ?! Ton utérus intéresse la terre entière ! #FreeUterusBordel !
D’ailleurs, petite anecdote affreuse soufflée par une connaissance qui, comme moi, n’a qu’un seul enfant : on lui a gentiment dit « mais si ton premier enfant meurt, tu n’en as plu » ! Bah oui, ayons plein d’enfants pour ne pas avoir de Game Over, c’est interchangeable les morveux de toute façon !
Y en a marre de cette pression sociale, plus toujours plus ! La parentalité est un choix, propre à chacun(e). Tu peux décider de faire « carrière », et ne pas avoir d’enfant, mais aussi d’en avoir 10 si ça te chante ! Tu as le choix de l’équilibre de TA vie ! La question de la maternité ne devrait pas en être une, à chacune de se lancer SI, ou bien QUAND, elle se sent prête. Et si ça n’arrive jamais, cela ne fait pas de toi une vilaine fille !
Vie active et maternité : une pression sociale ?
Bon , tu as passé le cap de la maternité, et te voilà avec ton moufflet et ton envie de retourner au travail. Et là, le reste du monde a encore un avis sur tes projets… Petit tour d’horizon : “un bébé a besoin de sa mère”, “tu vas lui créer un traumatisme en le laissant si tôt”, “as-tu confiance en cette nounou / crèche / affreuse voisine inconnue ?”, “la crèche ! Beurk, il va attraper toutes les maladies !”, “une femme doit rester auprès de de son enfant”… Nia nia nia… “moi je ne me voyais pas rester à la maison avec le bébé”, “moi je pense que c’est bien de le laisser tôt pour qu’il se socialise avec d’autres enfants”, “il faut couper le cordon” … Nia nia nia…
Si tu ne te vois pas rester des mois à la maison à pouponner, c’est TON CHOIX ! Et tu peux aussi vouloir profiter de chaque minute de l’existence de ce petit bout, et c’est OK ! De toute façon, quel que soit le choix que tu prendras, tu seras jugée, donc au final, prends LA décision qui te vas bien A TOI (et à ton co-parent of course) !
Et je t’épargne là le florilège sur l’allaitement, le lait maternisé et tout ce qui concerne les soins à prodiguer au bébé, je pourrais en faire un article dédié !
Donc voilà, tu reprends le boulot, tu as un mode de garde, et tu vas de venir une spécialiste en jonglage ! Jongler avec le boulot, jongler avec la maison, jongler avec le bébé… Tu vas devoir penser à tout, et la société veut de toi que tu sois une mère performante ! Au boulot, tu devras assurer “comme avant”, à la maison tu devras t’organiser du mieux possible, et avec le bébé, il devra faire ses nuits à la sortie de la maternité, évidemment ! Ah, et si tu as une vie de couple, tu devras aussi assurer rapidos de ce côté-là ! Ici encore, mon humble expérience me fait te dire que ça va nécessairement partir en cacahuète ! Bah oui, il y bien un moment où ça coince, tu ne peux pas tout mener de front toute seule, tu es une super-héroïne, c’est sûr, mais en vérité, même les super-héros travaillent en équipe !
Laisse tomber la pression sociale, et utilise les soutiens à ta disposition : co-parent, famille, amis, collègues… Tu dois impliquer ton entourage personnel dans ta sphère perso, et ton entourage professionnel dans ta sphère pro. La donne a changé, ta vie a changé, tu dois parfois même te réapproprier ton corps, et tu dois trouver un nouveau rythme en conséquence. Est-ce qu’un homme s’inflige toute cette charge mentale ? Est-ce qu’un homme se pose toutes ces questions d’ailleurs ?! Non, je ne le crois pas, et j’ai peu d’exemples qui me démontrent le contraire !
Et en toute sincérité, oui, tu auras des loupés, des ajustements à faire, peut-être des orientations à revoir, mais la maternité ne doit en aucun cas être un motif supplémentaire de pression pour les femmes. La maternité ne doit pas être non plus un frein dans ta carrière professionnelle, écoute-toi !
Vie active et maternité : une question c*** ?
Lors des célébrations dédiées à la journée internationale des droits des femmes, j’ai assisté à une conférence. Il s’agissait de présenter des femmes remarquables, qui avaient “réussi” dans leur domaine, qui occupaient des postes d’importances, qui avaient une entreprise, une vie riche de sens, et menaient bien leur barque finalement !
Le maitre de cérémonie posait des questions à chacune au fur et à mesure, et évidemment, il a posé LA question qui nous a toutes agacé dans la salle : “comment faites-vous avec les enfants” ?! Bah oui, tu es une femme, tu as des enfants, tu as une carrière professionnelle, et donc forcément tu dois te justifier sur la façon dont tu élèves tes enfants !
Est-ce que cette question aurait été posée à un homme ? Non, je ne le crois pas, et c’est justement là où est le problème ! Tant que la représentativité des femmes se rapportera nécessairement à leur maternité, nous n’avancerons pas !
Alors oui, il y a une réalité physique et physiologique :
- Une grossesse, un accouchement, c’est un chamboulement corporel, et ça implique de se remettre un minimum physiquement parlant !
- Accueillir un enfant, ça bouleverse les habitudes, ça demande de trouver un nouveau rythme de vie, et tu as une grosse période de flottement !
- Les nuits sans sommeils sont une torture, et pour ma part, c’est ce qui est le plus difficile à gérer, le manque de sommeil !
Mais sur ces trois items, deux sont partagés avec le co-parents, on parle très peu de l’implication de ce dernier. A cette conférence d’ailleurs, sur quatre interviewées, une seule a soulevé le malaise de cette question, et dans sa réponse, elle n’a d’ailleurs pas du tout parlé du père de ses enfants ! Ce fut un sujet de plaisanterie après coup !
Moralité : la société doit banaliser l’implication des hommes dans la parentalité, et les femmes doivent se soulever contre toutes ces questions à la C*** ! Il faut que nous arrêtions de répondre gentiment à cette question, et mettre en perspective le caractère quelque peu misogyne de cet angle de vue.
Vie active et maternité : un faux problème !
Tu l’auras compris, en ce qui me concerne, la question de concilier maternité et vie active est un faux problème. La véritable problématique reste la même : la représentativité des femmes à des postes d’importance.
Alors oui, je te le concède, il y a les problèmes de garde d’enfant, des places en crèche, de la durée du congé maternité, paternité, et ainsi de suite. Mais à mon sens, c’est le regard sur la place des femmes dans la vie active qui doit encore évoluer. Rappelle-toi, il y a une quinzaine d’année, la grossesse de Rachida Dati faisait plus de gros titre que sa réforme de la justice !
J’ose espérer que nous avons parcouru un peu plus de chemin depuis, mais réfléchis deux secondes : as-tu vu beaucoup de femmes, enceintes qui plus est, dans des postes d’importance en tête d’affiche, ces 5 dernières années ? Tu peux les compter sur les doigts, et si tu cherches en France, ce sera sur les doigts d’une seule main !
Cela doit être banalisé dans notre quotidien : avoir un enfant n’est pas un problème, et ne pas en avoir non plus d’ailleurs.
Si notre société se concentrait un peu moins sur les choix des femmes s’agissant de leur utérus, notre PIB afficherait deux chiffres chaque année, c’est sûr !
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