Après avoir posé le cadre de ce blog, t’avoir donné quelques matières à réflexion et pistes pour passer à l’action, sans oublier un petit élan de motivation musical, il est temps d’ouvrir le débat, et de démarrer par notre premier sujet de société : mais c’est quoi l’entrepreneuriat au féminin au juste ?
Je t’avoue avoir un peu de mal avec cette tendance de toujours mettre tout le monde dans des cases ! A ce stade, j’ai un peu l’impression que cette expression fait phénomène de mode, au même titre que la morning routine… En effet, l’entrepreunariat est-il nécessairement genré ? Peut-on opposer masculin et féminin dans la façon d’entreprendre ? Existe-t-il des thématiques d’entrepreneuriat typiquement féminines et d’autres masculines ? Bref, je m’interroge beaucoup sur cette expression, le message qu’elle véhicule, et je t’embarque avec moi dans ces réflexions !
L’entrepreneuriat
Revoyons les fondamentaux, et notre cher Petit Robert ! Que nous dit ce bon vieux Rob’ à ce sujet ?
Entrepreneuriat : nom masculin, « Activité, fonction de l’entrepreneur ».
Déjà, « nom masculin », bim, même Rob’ est complice du patriarcat ! Et puis il ne se mouille pas beaucoup ! Si tu as suivi toutes mes chroniques depuis le début (et si tu lis cet article à sa date de publication, merci de faire partie de mes 30 lecteurs assidus, un jour vous serez des millions, mais je me souviendrai toujours de toi, bisous !), tu sais ce que moi je pense de l’entrepreneuriat.
En effet, pour ma part, l’entrepreneuriat, soit l’action d’entreprendre, c’est le fait de se lancer activement dans quelque chose : un projet personnel qui te tient à cœur, un projet associatif, une action de formation, une reconversion professionnelle, une page sur un réseau social, une entreprise, la rénovation d’une maison… Bref, tout ce qui peut te faire aller de l’avant, activer tes sens, te mettre en joie, et qui te donnera envie de te lever avec la patate tous les matins !
Dans le langage commun aujourd’hui, l’entrepreneuriat est directement associé à une notion économique, et donc une action de création de valeur, dans un contexte lucratif. Aussi, nous allons donc poursuivre en ce sens, avec le point de vue suivant : les femmes peuvent aussi créer de la valeur au sens économique du terme, et participer activement à l’augmentation du PIB !
L’entrepreneuriat au féminin
Si l’on poursuit dans cette logique, l’entrepreneuriat au féminin se définit donc par la création, la gestion et le développement d’entreprises par des femmes. Autrement dit, il s’agit de voir des femmes chef(fe)s d’entreprises, ou tout au moins à des postes clés d’importances.
Et là, en écrivant ces lignes, je trouve que l’expression fait un peu moins phénomène de mode, bien qu’elle me semble néanmoins toujours clivante ! En effet, est-ce dire que les femmes ont une façon d’entreprendre différente de celle des hommes ? Est-ce dire que les femmes entreprennent dans des secteurs différents que ceux des hommes ? Ou bien encore, est-ce dire qu’elles connaissent bien plus de difficultés, et donc que lorsqu’une femme « réussit » il faut la saluer d’autant plus ?
Je suis d’un naturel positif, je vais donc te donner MA définition de l’entrepreneuriat au féminin : il s’agit d’un entrepreneuriat conduit par des femmes, qui dépassent les obstacles liés au sexe, tels que le sexisme, les stéréotypes, la discrimination, le manque de financement et de ressources, la pression sociale, ou encore le manque de modèles féminins dans le monde des affaires.
Et c’est ce dernier point qui est, selon moi, particulièrement important : la multiplication des modèles féminins pour les jeunes filles et futures leaders de demain ! Oui parce que le cœur du problème est là : la représentativité des femmes à des postes d’importances.
Je rappelle que la loi dite « Copé-Zimmermann » date tout juste de 2011, et impose un quota de 40 % de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance dans les sociétés cotées. Les chiffres de la représentativité des femmes dans ces instances sont effectivement en très nettes progression sur la dernière décennie, et sur l’ensemble des entreprises du CAC 40 en 2022, nous flirtons bien avec ce quota de 40 %. Mais l’effet de ruissellement attendu est loin d’être-là, notamment en ce qui concerne les PME en France, qui est l’essentiel de notre tissu économique !
Les difficultés de l’entrepreneuriat au féminin
Morceaux choisis de difficultés ordinaires :
- Discrimination : les femmes peuvent être confrontées à la discrimination en raison de leur sexe dans divers aspects de leur entreprise, tels que l’accès au financement, la négociation avec des partenaires commerciaux, et la reconnaissance de leur leadership.
Rappelons que les femmes ont acquis le droit d’ouvrir seules un compte bancaire, de gérer leurs biens propres comme elles l’entendent et de travailler sans l’accord préalable de leur mari, depuis 1965 en France seulement, et ce n’est pas encore le cas dans certains pays du monde !
- Equilibre entre vie professionnelle et vie privée : les femmes ont majoritairement la charge de responsabilités familiales supplémentaires, qui peuvent affecter leur capacité à se consacrer pleinement à leur carrière (charge mentale et répartition des tâches domestiques, c’est dans la liste des prochains articles 😉).
Rappelons à ces Messieurs que les enfants se font à deux, que le job de maman n’est pas moins important que le job de papa, et que ce dernier a aussi le droit de prendre des initiatives pour le foyer, comme faire les courses, préparer les repas, et utiliser l’aspirateur ! Ah oui, et quand Monsieur est malade, il peut aussi appeler lui-même le docteur et se rendre à la pharmacie ! Encore un poids sociétal et un schéma d’éducation à reprendre !
- Manque de modèles féminins : les femmes peuvent avoir du mal à trouver des modèles féminins dans leur domaine d’activité, ce qui peut réduire leur confiance et leur motivation.
Rappelons qu’il s’est passé 30 ans entre deux chef(fe)s de gouvernement en France : je sortais des couches lorsqu’une femme est entrée à Matignon, et ma fille sortait des couches lorsqu’une autre femme a (enfin !) fait un retour à Matignon ! Une génération, c’est le temps qu’il a fallu pour retrouver la route !
- Stéréotypes de genre : les stéréotypes de genre peuvent affecter la façon dont les femmes sont perçues dans le monde des affaires, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur capacité à nouer des relations commerciales et à trouver des clients, mais aussi à assurer une crédibilité dans certains secteurs d’activités.
Rappelons que le fait de pouvoir potentiellement porter un enfant est un choix, que chacune peut engager ou non, et que cela ne fait pas de nous de « petites choses fragiles » !
Rappelons aussi que les filles sont tout aussi compétentes pour diriger une entreprise de BTP (et sans que ça ne fasse d’elle une lesbienne mal fagotée !), là où un garçon pourra être tout aussi performant dans un salon d’esthétique (et sans que ça fasse de lui un homosexuel notoire !) ! Stop les clichés du genre !
- La lutte contre ses croyances limitantes et son syndrome de l’imposteur : le mieux est l’ennemi du bien. Le pire ennemi de la femme, c’est elle-même, à cause de ses croyances limitantes (issues d’un schéma éducatif et sociétal tronqué) et de son syndrome de l’imposteur.
Rappelons qu’il y a encore peu, les petites françaises avaient des cours d’enseignement ménager, et que dans de nombreux pays du monde, les petites filles ne sont pas scolarisées. Comment se percevoir en position de leader, quand toute ton éducation repose sur « sois mignonne et obéissante dans ton coin » ?!
Ce n’est qu’en améliorant la représentativité des femmes dans les instances dirigeantes, en banalisant la parité, que nous avancerons vraiment. De nombreuses associations et groupes de femmes œuvrent au quotidien pour faire évoluer cette posture. Je reprendrai ici simplement le slogan de l’association des Femmes Chefs d’Entreprises « seules nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles ».
Les méthodes de l’entrepreneuriat au féminin
L’entrepreneuriat au féminin pourrait-il être synonyme de méthodes de travail spécifique, que seules les femmes seraient instinctivement capable d’engager ? A l’instar de Rousseau et sa théorie de l’homme à l’état de nature, peut-on imaginer que les femmes ont des capacités que les hommes n’ont pas en matière d’entrepreneuriat ?! Eh bien je dis oui !
Attention, je revendique l’égalité, cependant, il faut se rendre à l’évidence : au même titre que nous ne sommes pas faits pareils, hommes et femmes avons possiblement des façons de fonctionner différentes. Je pense que les femmes ont d’autres façon d’aborder certaines problématiques, que nous employons d’autres méthodes de management, ou encore, que nous pouvons être plus ouvertes à certaines évolutions ou changement (ou bien au contraire totalement fermées !).
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« Connais-toi toi-même », je me réapproprie cette bonne vieille maxime grecque (pardon pour les puristes !) : identifie tes forces pour t’y appuyer, et tes faiblesses pour les dépasser. Si le fait d’être une femme te semble être une faiblesse dans ta démarche entrepreneuriale, dépasse cette croyance limitante, va à la rencontre d’autres femmes qui ont engagé une démarche active pour te conforter (et continue de lire ce blog 😉), et utilise tes compétences pour aller plus loin que le bout de ton nez !
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A l’issue de ces développements, je peux donc dire que l’entrepreneuriat au féminin n’est rien d’autre que l’encouragement des femmes à persévérer vers une plus grande représentativité aux directions d’entreprises, donc à une plus grande représentativité dans la vie économique, voire une banalisation de ces rôles dévolus à des femmes. De là à dire qu’entre argent et pouvoir, il n’y a qu’un pas… Enjoy !