Nouvel article sur un thème de société… Je reviens à nouveau sur une cause qui m’est chère, et pour laquelle je me sens particulièrement concernée, la maternité face à la vie professionnelle. Je t’ai déjà parlé des « questions relous« , mais aussi des progrès en cours dans le domaine du sport, et aujourd’hui, je voudrais partager un sentiment auquel nous faisons toutes face en tant que maman : LA CULPABILITE !
Si tu n’as pas d’enfants, tu as aussi le droit de te sentir concernées, sororité solidaire !
Soyons honnêtes, oui, la société a évolué, le fait que les femmes travaillent est à présent une vérité notaire, parfaitement admise dans notre société. MAIS, il n’empêche que ce principe est largement parsemé d’exceptions, et autres émotions contradictoires. Je vais donc te partager aujourd’hui mon propre parcours, mes doutes, mes sentiments, qui je pense, sont relativement similaires dans la tête de toutes les femmes qui font le choix d’avoir une carrière professionnelle et une vie de famille. N’hésites pas à me contredire ou à me compléter en laissant un commentaire en bas de page, ou sur les réseaux sociaux, c’est ça le débat social !
ETAPE 1 : Le congé maternité
Voilà, tu y es, tu te lances dans la grande aventure de la maternité et de la parentalité ! Vient le moment où tu vas devoir l’annoncer au boulot, partager la nouvelle, et organiser ton départ pour quelques mois.
En ce qui me concerne, j’ai attendu près de 10 ans en poste avant de me lancer dans l’aventure. Je fais partie des femmes qui n’étaient pas franchement emballée par un projet parental, j’ai longtemps refusé de me projeter dans un tel projet de vie, et mon mari avait aussi accepté cette idée que nous resterions deux. Je comprends donc tout à fait les femmes qui font le choix de ne pas avoir d’enfant, et je soutiens tous les choix de vie (et je félicite celles qui se lancent dans un projet de famille nombreuse, quelle santé !). Et puis voilà, finalement, j’ai eu envie de tenter l’aventure, mon mari n’était pas contre, bien que ce n’était pas LA priorité de notre couple : je crois que si je n’avais pas été enceinte rapidement, nous n’aurions pas persévéré dans cette voie ! Et donc, hop, me voilà enceinte en moins de 6 mois d’essais.
Avant d’être enceinte, j’étais persuadée que j’étais totalement indispensable au bon fonctionnement de l’entreprise, que la terre s’arrêterait de tourner durant mon absence, que le monde s’écroulerait, et que les cavaliers de l’apocalypse envahiraient la Terre ! Bah non en fait…
J’ai donc eu LA TROUILLE d’annoncer mon état et mon départ prochain en congé maternité ! Mais vraiment, j’avais tellement peur que la nouvelle soit mal prise, incomprise, et signifie ma mise au placard illico-presto. Après tout, il y a tellement d’exemples du genre, donc c’était l’angoisse ! Et puis, déjà que je me fais des films pour un rien, alors imagine avec le dopage hormonal, dans mon cerveau, c’était Hollywood !
Finalement l’annonce est passée crème, j’ai de la chance d’évoluer dans un environnement de travail bienveillant, avec une équipe soudée, qui a tout de suite intégrée que j’allais m’absenter quelques mois, et nous avons mis en place une organisation adéquate.
J’ai bien conscience que ça ne se passe pas toujours aussi bien partout, d’où mon angoisse initiale, mais tu sais quoi, tu t’en fous ! Eh oui, je te rappelle que tu as LE DROIT, au sens juridique du terme, de fonder une familles SANS QUE ça n’ait de répercussion sur ta carrière professionnelle. Si ce n’est pas le cas, tu as bien entendu des recours possibles, et il ne faut pas t’en priver, mais c’est peut-être aussi un signe de l’univers qu’ils (ton boulot) ne te méritent pas, et que tu dois mettre à profit cette expérience négative, pour faire preuve de résilience et en tirer du positif : barres-toi pour te trouver un autre job épanouissant / lancer ce projet / te reconvertir !
La maternité nous chamboule toutes, et bon nombre de femmes ont totalement changé de vie après bébé : tiens, Lycia LA WEBEUSE, elle est passée de la restauration au web, et a réussi sa reconversion. Ta petite voix intérieure est à écouter, surtout dans ce moment-là !
Et puis je ne me voyais pas du tout partir, j’angoissais ensuite à l’idée que tout se casse la figure durant mon absence… Les premières semaines de mon congé, avant l’accouchement, je regardais mes mails tous les jours, répondais à tout le monde, posais des tas de questions par mail et SMS… J’étais une véritable harceleuse de mes collègues ! Si bien qu’ils se sont tous mis d’accords pour bloquer ma boite mail durant mes semaines d’absence ! Je n’étais pas partie, que je me voyais déjà revenir dès l’expulsion de l’intruse dans mon utérus ! J’te jure, pour moi, l’arrivée du bébé était une formalité, et ensuite tout serait comme avant. Pauvre fille, j’étais à milles lieux de m’imaginer la suite…
Bébé est arrivée, et a tout chamboulé évidemment ! Je m’étais fait des plannings, des programmes, et tout le bazar, mais rien ne s’est passé comme prévu ! J’ai allaité en plus, et j’avais le fantasme de la régularité de la prise des repas de bébé… J’ai vite compris que non ! Et puis une fois le bébé présent, j’ai vite délaissé mes mails… Bref, l’arrivée d’un enfant bouleverse totalement l’ordre établi ! Et je me suis mise à penser à mon retour au travail à reculons, chose totalement impensable quelques semaines plus tôt !
ETAPE 2 : Le retour au travail
J’ai repris le travail alors que ma fille avait trois mois, et sincèrement, j’avais TRES envie de retrouver une activité professionnelle (et des conversations d’adultes !), mais deux / trois mois de rab sur le congé maternité ne m’auraient pas déplu. Qui l’eut cru ! Et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré Dame Culpabilité !
Dame Culpabilité et moi, c’est une histoire dont je me serais bien passée à vrai dire… Elle me gratte un peu trop l’amitié celle-là ! Lors de l’acclimatation avec la crèche, elle m’a fait me sentir comme la dernière de M***E, le jour où j’ai laissé mon bébé pour la première fois une paire d’heures… Et elle a continué de m’enquiquiner tous les jours durant de longues semaines, tous les matins quand je déposais bébé à la crèche !
J’ai voulu poursuivre l’allaitement, je devais donc tirer mon lait… Donc deux fois par jour, j’allais m’isoler, pour « partir en Normandie » comme le disaient gentiment mes collègues ! J’ai tenu ce rythme-là durant trois. En effet, je m’étais conditionnée à faire les six mois de « service allaitement » recommandé par l’organisation mondiale de la santé, ni plus ni moins ! Et c’est drôle, mais le jour où ma fille a eu six mois, la source s’est tarie en quelques jours, rendant d’ailleurs la transition lait maternisé rocambolesque (et culpabilisante une fois de plus !), mais ça c’est une autre histoire ! Le fait d’avoir ainsi pu poursuivre l’allaitement m’a beaucoup aidé à alléger ma culpabilité, parce que même si mon bébé était gardé par « une étrangère », il y avait mon lait maternel pour faire le lien, et ça m’a aidé a passer le cap de « je laisse mon bébé ».
Je vais aussi te confier un secret : la Terre a continué de tourner durant mon absence au travail ! Dingue ! J’étais d’ailleurs presque déçue à mon retour, que mon absence soit si peu remarquée finalement. Bon évidemment, tout n’était pas rose, les collègues ont cravaché pour répartir mon boulot (je n’ai pas été remplacée), et étaient tous contents de me voir revenir, pour retrouver un rythme de travail plus serein… Je n’ai d’ailleurs pas trop pataugé, et après quelques jours, c’est comme si je n’étais jamais partie !
Mais Dame Culpabilité n’est jamais loin, et il y a TOUJOURS quelqu’un pour te ramener à ta nouvelle situation de mère-qui-travaille-au-lieu-de-s’occuper-de-son-enfant, particulièrement quand tu travailles avec des personnes âgées ! Mais bon, il faut apprendre à laisser couler, si non, tu n’as pas finis de te morfondre (idem lorsqu’on te demande quand est-ce que tu accouches, alors que ton bébé a déjà 5 mois !)
ETAPE 3 : La progression de carrière
Une fois le retour au travail fait, le mode de garde intégré, et la nouvelle routine posée, tu te lances à nouveau dans ton boulot, et tu as des projets d’évolution et de progression de carrière. Et Dame Culpabilité vient à nouveau te chatouiller…
Tu apprendras à tes dépens, qu’un bébé, et un enfant en général, ça tombe malade, surtout les premières années. Et encore, je m’estime chanceuse, car j’ai vécu la crèche AVANT le COVID, et ses protocoles drastiques, je n’ose imaginer ce que ça à dû être pour les parents dont l’enfant ne faisait que des poussées dentaires, qui à la moindre montée de fièvre devaient faire tester leur enfant !
Donc quand la crèche t’appelles pour te dire que ton enfant est malade, et qu’il faut gérer ça et venir le chercher, c’est la loose ! C’est une charge mentale de plus dans ta journée, et selon le boulot, ce n’est pas simple. Alors je sais ce que tu te dis « mais il y a le père aussi » ?! Bah pas toujours ! Oui, un enfant se fait à deux, mais tu apprendras que les maladies, rendez-vous médicaux et urgences bobos, dans la TRES GRANDES majorité des cas, c’est maman qui s’y colle ! Et ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les nombreuses études sur le sujet qui l’affirment : papa il est gentil, mais c’est maman qui est multi-sollicitée ! Tu l’entends Dame Culpabilité ? En plus, elle te fait culpabiliser d’être une mauvaise mère et une mauvaise collaboratrice !
Mon mec me dit que je peux plus facilement me libérer que lui… Ce n’est pas faux, nos jobs respectifs font que je peux plus facilement me dégager et déléguer, mais quand il me dit ça, ça a le don de fortement m’agacer ! C’est LA conversation houleuse que nous avons à chaque fois que ce genre de choses se produit : si je disparaissais demain, il n’aurait pas le choix, il se débrouillerait, mais là, il ne se pose donc pas la question, je gère, point barre ! Et c’est le cas général de nombreux hommes ! Donc messieurs, si vous lisez ces lignes, sortez-vous un peu les doigts, et débrouillez-vous un peu plus sans toujours comptez sur maman, qui a aussi une vie professionnelle, qui vaut tout aussi bien que la vôtre ! Il ne faut pas s’étonner que nous soyons mises de côté au retour au travail, et que le fossé des inégalités femmes / hommes se creusent à ce moment-là ! Je me demande si certains ont déjà fait la connaissance de Dame Culpabilité d’ailleurs ?! Je me suis donc promis de ne JAMAIS PLUS juger une collaboratrice qui a des problématiques de garde d’enfants !
Ceci étant dit, quand tout se passe bien, et que tu veux continuer à grimper dans la chaîne alimentaire professionnelle, tu te confrontes parfois aux problématiques de disponibilités : réunions tardives, déplacements, rendez-vous clients à des heures critiques, et les sacro-saintes activités du mercredi… Bref, t’as pas fini de jongler dans ta tête avec Dame Culpabilité ! Il est donc CRUCIAL d’être entourée. Un proverbe africain dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant, et c’est totalement vrai. Tu ne peux pas tout faire toute seule, et arrêtes de vouloir incarner la perfection, tu finiras dans le mur (lis ce que dit Stéphanie sur l’épuisement, ça l’a conduit droit vers l’infarctus !). En ce qui me concerne, bien que je viens de lui faire siffler les oreilles, je trouve que j’ai un bon binôme avec ma moitié, et il est vrai que les horaires atypiques, ça nous connait, et on se serre les coudes là-dessus (finalement, il ne sait tout simplement pas gérer l’imprévu, et sans être médisante, c’est le cas de beaucoup d’hommes, la faculté d’adaptation rapide n’est pas votre fort les gars !)
Avoir un enfant, ça change la vie, et ça oblige à s’organiser différemment, à faire appel à la famille, les amis, les professionnels, pour continuer d’avancer, et ne pas s’épuiser à la tâche. Et tu peux totalement réussir à mener de front une vie de famille épanouissante et une carrière professionnelle enrichissante ! Il faudra simplement te détacher de ce trop pleins de culpabilité, et apprendre à te reposer sur d’autres personnes ressources.
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Tu n’es pas une mauvaise mère parce que tu as des ambitions professionnelles ! Avoir une maman épanouie, que ce soit un épanouissement grâce au travail, ou une maman au foyer épanouie, ça sert mille fois plus un enfant, qu’une maman morose et déprimée par ses choix de vie. Ce qui compte, c’est d’être en accord avec tes choix.
Les enfants sont doués d’une grande capacité d’adaptation, et comme me l’a témoigné une femme remarquable dernièrement, organiser la vie d’un enfant sans la présence constate de ses parents, ça les rend aussi plus autonomes, et prêts à affronter la vie et ses réalités.
Détends-toi, tu fais ce que tu peux, et tu le fais très bien.
Enjoy !
2 Responses
Je suis entièrement d’accord avec toi Audrey! Bravo pour cet article qui, j’en suis sûre, va aider bon nombre de mères à déculpabiliser quand elles ont de l’ambition professionnelle, tout en ayant à cœur d’être présente pour leurs enfants. Il faut juste savoir intégrer du temps de qualité dans son quotidien avec les enfants, mais ne pas s’imposer de tout gérer et apprendre à déléguer certaines tâches. Effectivement il faudrait tout un village pour élever un enfant sans que les parents finissent en burn out. Pas toujours possible d’avoir autant de monde à disposition, mais quelques membres de la famille ou amis proches (surtout si tu n’as pas de famille près de toi sur qui tu peux compter, il faut savoir faire appel à tes amis proches!!) suffiront déjà pour te permettre de trouver un équilibre de vie… Nous faisons toutes de notre mieux et c’est parfait comme ça!! ☺️
Merci Marie ! C’est exactement ça, chacune fait comme elle peut !