Femmes entreprenantes : Lucie Castel, écriture, formation et passion !

Lucie Castel auteur

Si tu lis ce blog de temps en temps, tu sais que j’ai écrit mon premier roman. Cela m’a pris plusieurs mois, mais je suis allée au bout de cette histoire que j’avais en tête depuis près d’une décennie, au bout de ce rêve de gosse ! Comme je suis du genre à vouloir tout savoir sur mon centre d’intérêt du moment, je me suis plongée dans le monde littéraire, et j’ai eu la chance d’échanger avec Jupiter Phaeton, qui m’a elle-même mise en contact avec Lucie Castel. Et nous voilà aujourd’hui.

J’avais déjà l’impression de rencontrer une rock star lorsque j’ai échangé avec Jupiter, mais je peux te dire que cette impression était toujours là avec Lucie ! Je l’écoute depuis des mois, son podcast m’a beaucoup aidé pour concrétiser ce projet de premier roman, ainsi que tous les précieux conseils qu’elle propose avec l’institut des carrières littéraires (LICARES), qu’elle a co-fondé. Je suis ravie de pouvoir te la présenter à présent, parce que c’est une femme entreprenante elle-aussi !

Lucie Castel : présentation 

Présente-toi : dis-nous qui tu es, d’où tu viens et ce que tu fais ?   

Alors Bonjour, je m’appelle Lucie Castel, j’habite dans le sud de Lyon, je suis autrice et PDG de LKRS, qui est un organisme de formation à destination des jeunes auteurs, et j’ai à peu près tout dit je crois sur la présentation ! 

Donc allons plus loin ! Présente-nous ta vie professionnelle aujourd’hui : tu fais quoi et depuis quand ?   

Cela fait 10 ans maintenant que j’écris à titre professionnel, et depuis 5 ans, à côté de mon écriture, j’ai cofondé la société que je dirige, LKRS. Auparavant, j’étais conférencière et formatrice dans le domaine du Droit, donc absolument rien à voir avec le Schmilblick ! 

C’est drôle parce que j’ai fait du Droit moi aussi… Il paraît que le Droit mène à tout ?!  

On en est la preuve vivante, le Droit mène à tout. C’est ce que disait mes professeurs, et ils avaient raison… C’est ça exactement ! 

Dans quels genres écris-tu et selon quelles modalités d’éditions ?   

Je suis auteur multi-genres, puisque j’écris à la fois dans le polar, la science-fiction, la fantasy, le feel-good, la littérature générale et même les rom-com de Noël. Donc vraiment, j’ai un panel très large ! C’est la raison pour laquelle j’ai deux noms de plumes, Lucie Castel et Oren Miller. Le second est d’ailleurs plutôt pour la part sombre de mes écrits. C’est un petit peu plus facile à gérer au niveau des collections. Je suis maintenant éditée à 100% en maison d’édition. J’ai, je crois, cinq ou six éditeurs avec lesquels je travaille régulièrement.  

J’ai aussi fait une petite incursion dans l’autoédition pour un de mes titres, mais faute de temps, je n’ai pas été plus loin… Mais pas par manque d’envie, au contraire, c’était une super expérience. Donc voilà pour ce que je suis aujourd’hui ! 

Lucie Castel : évolution 

Comment passe-t-on du monde juridique et de la formation, au monde littéraire ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu changes de voie professionnelle ? 

Ce que je vais te dire est un peu classique, c’est ce que nous disons tous… J’ai toujours écrit, d’aussi loin que je me souvienne. Mais j’en faisais un passe-temps, parce que j’ai été élevée dans le culte du salaire qui tombe à la fin de chaque mois. Donc il était absolument hors de question que j’envisage une carrière artistique, que ce soit dans l’illustration, parce que je touchais un peu ma bille sur le dessin – j’avais d’ailleurs des professeurs qui m’avaient encouragé à suivre des études artistiques -, ou dans le domaine de l’écriture.  

Donc je me suis vraiment consacrée à une des carrières des plus sclérosée possible, à savoir une carrière juridique. C’est vraiment terrible de dire ça, mais c’est un peu le penchant de beaucoup de métiers qui découlent du Droit, beaucoup d’écrits, vraiment très cadrée, etc. Mon premier poste a d’ailleurs été dans la fonction publique, dans les finances plus précisément, on ne pouvait pas être plus normé et plus hiérarchisé que ça ! 

Et puis, au bout d’un moment, j’ai été encouragée à essayer de publier mes textes, parce que j’avais mon petit public sur des forums à l’époque – oui ce n’est pas tout jeune ! -, avec de bons retours… Ce que j’écrivais plaisait bien. Forte de cette énergie positive, et pour ne pas un jour regretter de ne pas l’avoir fait, j’ai envoyé un manuscrit à un éditeur, et il se trouve que ça a fonctionné. 

Au début j’ai vraiment mené les deux carrières professionnelles de front, surtout que j’avais enfin trouvé un métier qui me passionnait, la formation. Je n’étais donc pas très pressée de me demander laquelle des deux je devais finalement choisir… Et puis, au bout d’un moment, l’écriture et l’envie de faire quelque chose autour de l’écriture, ont été de plus en plus importantes.  

Ma rencontre avec ma meilleure amie, Johanna Vogel, a fait que j’ai fait évoluer mon curseur, et nous avons voulu développer ensemble une formation à destination des jeunes auteurs. A l’époque, il n’y avait rien de comparable existant sur le marché. C’est ainsi que LICARES est né. 

Ce projet me demandait une grande mobilisation de temps, et il a bien fallu que je choisisse… C’est la raison pour laquelle j’ai quitté mon travail. Mais je ne m’en suis pas séparée parce que je ne l’aimais plus, je suis partie parce qu’à un moment donné, c’était une question de survie personnelle, je ne pouvais pas me dédoubler à l’infini !  

Donc si je suis un petit peu, tu as vraiment délaissé ton poste de salariée il y a environ 5 ans, c’est bien cela ? 

Oui c’est ça. J’ai fait la bascule il y a un peu plus de 5 ans, quelques mois avant le premier confinement.  

Donc LICARES s’est installé assez naturellement j’ai l’impression. Comment ce projet s’est-il finalement imposé ?   

Oui, c’est vrai.  

LICARES c’est le croisement de mes deux passions, à savoir l’écriture et la formation. Sauf que je n’y avais pas pensé moi-même ! C’est grâce à l’impulsion de Johanna, qui, elle, regardait vraiment à se lancer dans les affaires… C’était quelque chose qui la passionnait, elle a toujours eu l’esprit entrepreneurial ! Mon amie a commencé à s’intéresser au commerce en ligne, et elle a lancé cette réflexion de construire une formation pour les nouveaux auteurs, en 100% dématérialisée, car, magie du 21ème siècle, il existe pleins d’outils et de ressources faits pour les formations en distanciel ! 

A ce moment-là, je me suis dit « bah, la formation, ça je sais faire, je maitrise ». Je suis dans le circuit depuis environ 15 ans, donc c’est quelque chose qui ne me fait pas peur. Pour ce qui est de l’écriture, c’est tombé au moment où ça faisait quelques années que je publiais, donc j’avais quelque chose à dire sur le milieu littéraire et sur les techniques d’écriture. Je me sentais alors suffisamment légitime pour créer LICARES, et me lancer dans cette grande aventure.  

J’insiste encore, mais c’est grâce à l’impulsion de Johanna Vogel, à notre rencontre, à notre amitié, qui a fait qu’à un moment, on a pu développer cette activité de formation liée à l’écriture. Et puis, quand on a démarré, tout le monde nous a dit qu’on était un peu folles de se lancer là-dedans, sur une formation à destination des jeunes auteurs… Mais bon, le propre des entrepreneurs, c’est de dire « tant pis, j’y vais quand même et on verra bien ! » 

Et du coup vous n’avez pas eu un effet “boost” avec la période COVID et confinements, où tout le monde était chez soi derrière son ordinateur ?  

Ah bah carrément, oui ! J’ai toujours un peu des scrupules à dire que le confinement s’est bien passé pour moi, parce que je sais que pour certains, ça a été tragique et dramatique…  

Cela étant dit, dans mon cas, c’est un coup de bol extraordinaire ! Je venais de récupérer la pleine maîtrise de mon emploi du temps, à un moment où on développait un outil en ligne. J’avais beaucoup de temps et d’énergie à consacrer au projet. Les gens, à cette époque-là, même encore maintenant d’ailleurs, étaient en train de travailler à remettre un peu du sens dans leur vie, se rendant compte que les choses pouvaient basculer très vite… Et puis il y a le souhait de dépoussiérer un certain nombre de rêves que tout un chacun pouvait avoir mis de côté, parce que le quotidien, parce que toutes les obligations qu’on peut avoir, qu’on se met ou qu’on nous met… Et nous, on arrive là, avec un discours dans cette veine : la vie est trop courte pour remettre tes aspirations et tes objectifs de côté… Si tu as des hobbies, tu peux tenter de professionnaliser ta démarche, et tu verras bien ce que ça donne… Ne les laisse pas de côté en te disant que tu y reviendras dans 10 ans, 15 ans, 20 ans… Parce que tu ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, et ça peut basculer très vite !  

Lorsque nous sommes arrivées avec cette communication, nous étions pleines d’enthousiasme, pleines d’énergie – ce n’est d’ailleurs par retombé aujourd’hui ! -, et je pense qu’il y a eu cette rencontre avec des gens qui n’attendaient que ça, des personnes pour leur dire « mais vas-y ! », « qu’est-ce que tu risques en fait ! », « de quoi tu as peur ! », « regardes ce qu’il y a de vraiment d’important dans ta vie ! » … Et on a rencontré notre public… et petit à petit, ça a fonctionné ! 

J’adhère totalement ! Je t’ai découvert grâce au podcast, qui permet de remonter la pelote jusqu’à LICARES, et tu as raison, c’est ce discours qui m’a permis de passer le cap, pour moi-même me lancer dans l’écriture de mon premier roman. Merci pour cela ! D’ailleurs, le podcast DEVENIR ECRIVAIN est-il arrivé avant ou après la formation ? 

Il est venu en premier.  

Nous avions le souhait d’assurer notre légitimité, ce qui est normal lorsque l’on débute. Les gens ne nous connaissent pas, il fallait démontrer ce que nous étions capable de faire. A l’époque, il y a eu une hésitation entre YouTube et le podcast, mais moi je me sentais plus à l’aise avec ce dernier format. Et c’est comme ça que DEVENIR ECRIVAIN est né.  

L’idée était de faire part de nos compétences, de démontrer notre savoir-faire, pour que les auditeurs puissent se rendre compte de notre expertise sur le podcast, et puissent ainsi se projeter dans une formation pleine et entière de 10 semaines avec nous, sur ce que nous pourrions apporter en termes d’évolution. De mémoire, il doit y avoir 5 à 6 mois entre le lancement du podcast, et le lancement de la première promotion LICARES.  

Il y avait donc une stratégie derrière ce produit podcast, une démarche entrepreneuriale finalement ? 

Oui, tout à fait, il y avait une vraie stratégie derrière. Quand on se lance dans l’entrepreneuriat, il faut avoir une vision et s’y tenir ; enfin c’est ce que je pense en tout cas. 

Donc c’est la société LKRS qui héberge la formation LICARES, c’est bien cela ? Et c’est sous quelle forme sociale ? 

Tout à fait, LKRS est une société globale, organisme de formation, et LICARES est notre formation la plus la plus importante et la plus connue à ce jour. Mais comme on ne s’interdit pas de faire d’autres types de formations, pas forcément liées à l’écriture d’ailleurs, c’est la raison pour laquelle nous avons créé un socle juridique large pour nos projets, dans lequel viendront s’insérer les différentes formations phares que nous pourrions développer à l’avenir. 

Nous avons créé une SAS, nous sommes deux salariés, et nous travaillons avec plusieurs prestataires freelances : formateurs, monteurs, relationnels, etc. Donc maintenant on commence à être une équipe étoffée ! 

As-tu suivi une formation dédiée pour cette création de structure, ou bénéficié d’un accompagnement quelconque ? Si oui, dans quel domaine ?   

Non, absolument pas ! Il est vrai que j’avais déjà de bonnes bases juridiques, des bases statutaires sur les sociétés par exemple, etc. Et puis très vite, il faut trouver de bons partenaires, notamment l’avocat et le comptable. Donc on a eu de la chance, car étant issue d’une famille où il y a quand même quelques entrepreneurs, ils ont pu me donner des noms. 

Cependant, j’avoue que nous avons beaucoup été formées par notre comptable et par notre avocat… Parce que quand on se lance, il y a tellement de choses que l’on ignore ! Nous n’avions aucune idée des papiers à prévoir… Je pense aux approbations de comptes notamment, qui est un gros morceau de boulot… Mais aussi le respect de la comptabilité, voire le suivi de la comptabilité au quotidien ! Je connaissais la théorie, mais de passer à la pratique, c’est autre chose, et on s’est vraiment formé sur le tas, donc je ne le recommande absolument pas ! 

Avec le recul, je préconise vivement de faire une formation. Et pour quoi que l’on fasse d’ailleurs, c’est un principe à appliquer d’une manière générale : ne pas foncer tête baisser, prendre le temps de se former, cela évitera bien des écueils, et fera gagner un temps considérable.  

C’est donc mieux de faire une formation sur comment lancer son entreprise AVANT d’avoir la tête dans le guidon… Nous on ne l’a pas fait et franchement, et ce n’est pas un exemple à suivre ! De toute façon les deux fois où je ne l’ai pas fait, où je ne me suis pas formée avant de me lancer dans quelque chose, ce fut rocambolesque : je ne me suis pas formée au métier d’auteur, et j’ai signé n’importe quoi ensuite, et je n’ai pas fait de formation pour me lancer en entreprise, et on a fait un peu n’importe quoi ! Heureusement, nous sommes tombées sur des personnes absolument géniales, qui ont pris de leur temps pour nous expliquer, alors qu’elles n’étaient pas obligées de le faire.  

Mais voilà, c’est la raison pour laquelle visiblement je n’apprends pas de mes erreurs, mais que je recommande toujours de faire des formations ! 

Je trouve que ton aveu te donne encore plus de légitimité en tant que formatrice, au contraire, tu as appris de tes erreurs, et tu veux empêcher les gens de les reproduire. Une future idée de formation à méditer « tout ce qu’il ne faut pas faire pour se lancer correctement » ! Donc aujourd’hui tu as une double casquette. T’estimes-tu plutôt artiste-auteure ou chef d’entreprise et pourquoi ?   

C’est une bonne question.  

Moi je dirais les deux. C’est une réponse un peu convenue, certes, mais parce que je partage vraiment mon temps à 50/50. Je suis autrice pour la moitié de mon temps, et je suis PDG de LKRS pour l’autre moitié.  

J’ai néanmoins un lien spécial avec la société, parce qu’avec Johanna, c’est un peu notre bébé… On a tellement envie de faire plein de choses, on a une vision sur plusieurs années, et puis c’est une histoire entre nous deux aussi… Je ne suis pas toute seule dans cette société, c’est vraiment la symbiose que l’on a toutes les deux, c’est la concrétisation de notre amitié… Donc ce n’est pas que ça a plus d’importance pour moi, ou plus de sens, mais pour toutes ces raisons, je me sens peut-être plus chef d’entreprise qu’autrice, quand bien même mon emploi du temps est vraiment divisé en deux.  

Je pense aussi que LICARES a pris une telle importance, ça nous a tellement dépassé, c’est devenu quelque chose qui existe par lui-même, que mon cœur penche peut-être un peu plus du côté de LICARES que du côté de ma carrière d’autrice, si j’avais à choisir. 

Et pour quelqu’un qui ne se voyait pas dans l’entrepreneuriat, finalement, l’évolution est importante ! 

C’est clair ! Je ne sais pas trop ce qui s’est passé… Mais oui !  

Je me souviens, quand j’ai annoncé à ma supérieure hiérarchique que je m’en allais, ça ne l’a pas trop surprise parce qu’elle pensait que j’allais me consacrer à l’écriture, alors que je me lançais dans l’entrepreneuriat… J’étais tellement apeurée, tellement angoissée, ça a été difficile pour moi de me projeter dans cette vie-là… Et maintenant si on me demandait de revenir en arrière, mais jamais de la vie je ne retournerais à mon ancien statut ! ça ne me ressemble absolument plus.  

On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, c’est la problématique première d’un entrepreneur, mais une fois que l’on a goûté à la liberté d’action, une fois que l’on a goûté à tout ça, c’est compliqué de revenir dans quelque chose de très cadré, de très figé, comme peut l’être la fonction publique par moment, par certains côtés.  

Et donc je rebondis ! Tu dis que tu es essentiellement éditée en maison d’édition, c’est pour beaucoup à cause du temps que représenterait l’autoédition je suppose ? 

Complètement !  

L’autoédition répond aussi à mon désir de liberté, d’indépendance, de maîtrise et de contrôle, que j’ai avec LICARES. J’aime le fait d’interagir directement avec mon lectorat, beaucoup plus qu’en maison d’édition, et de travailler ce lectorat, de l’augmenter.  

Je cite souvent Jupiter Phaeton car je la comprends tellement ! Si je n’avais pas LICARES, j’aurais suivi ses traces, parce que quand on a l’esprit entrepreneurial, l’autoédition c’est parfait ! Le chemin n’est certes pas simple, et il faut relever bien des défis… Mais on est à la fois artiste, à la fois entrepreneur, on perçoit des droits bien plus important qu’en édition traditionnelle, donc il y a cet aspect de travail qui paye directement aussi. Et on se constitue une équipe, et on se crée une véritable aventure, ce que l’on a beaucoup moins quand on est en maison d’édition.  

Je ne dis pas que la maison d’édition ce n’est pas bien, parce que j’y suis depuis des années, et j’ai la chance de bien m’entendre avec tous mes éditeurs, mais ce n’est pas du tout la même relation. Entre guillemets, on s’y contente d’être auteur et on ne voit rien de ce qui se passe après, ou très peu. On est assez peu consulté, ce qui est normal ce n’est pas notre métier. On est assez peu associés à la suite des événements, les éditeurs prennent tout en charge, et c’est bien la raison pour laquelle on gagne beaucoup moins de pourcentage sur le sur la vente du livre. Mais finalement, on est laissé un peu à la porte, une fois le livre écrit, les corrections gérées, le reste nous échappe complètement.  

C’est quelque chose qui ne m’aurait pas amusé trop longtemps, si je n’avais eu que ça dans ma vie. 

Quelle a été ta plus grosse erreur dans cette évolution de carrière vers le monde littéraire ?  

Alors ma plus grande erreur, et je la cite tout le temps en exemple, c’est de pas m’être formée au début, parce que j’ai signé avec un très très TRES mauvais éditeur. Quand je dis mauvais éditeur, ce n’est pas parce qu’il n’était pas particulièrement sympathique, non, c’est parce qu’il était carrément malhonnête !  

Il a glissé des clauses à compte d’auteur dans un contrat à compte d’éditeur. Alors oui, j’avais fait du Droit, mais je n’avais pas fait du droit la propriété intellectuelle… Les contrats des maisons d’édition sont quand même très spécifiques, avec un vocabulaire dédié… Et moi j’étais sous l’emprise de « Oh mon Dieu, un éditeur qui veut enfin de moi, mais c’est génial, il y a tellement peu d’élus, c’est super ! »… Je ne voulais pas trop poser de questions, de peur qu’il me prenne en grippe, et ne veuille plus signer avec moi… Ce que ressentent beaucoup d’auteurs, à juste titre, parce qu’on les maintient dans cette espèce d’ignorance des droits et des obligations des auteurs.  

Donc, j’ai signé n’importe quoi et ça m’a fait perdre plusieurs années de carrière, des années que j’ai gâchées par mon manque de connaissance du milieu. Je ne sais pas comment auraient évolué les choses si j’avais pu me former au préalable, l’histoire ne le dira jamais. Mais il n’empêche que j’ai fait une très grosse erreur dès le départ en envoyant un manuscrit à un éditeur, sans réfléchir, sans avoir de stratégie, sans rien vérifier, sans faire la différence entre les différents professionnels, les différentes maisons d’édition, etc.. Et c’était une belle connerie du coup !  

Aujourd’hui, je me sers de cette expérience fâcheuse pour mettre en garde, parce que j’ai quand même failli ne plus jamais écrire à la suite de ça. Ça a bien failli me coûter ma carrière, vraiment. Je me cite toujours un exemple pour inciter les gens à aller chercher l’information, à se former, quel que soit le domaine d’activité dans lequel ils veulent évoluer. Il faut vraiment se FOR-MER !  

Je fais toujours la comparaison avec les pays anglo-saxons. Il y a vraiment une culture de la formation là-bas, que l’on a un peu moins en France, bien que ce soit en train de changer. De plus en plus de de personnes, assez jeunes d’ailleurs, ont bien compris que dans une vie il n’y avait pas que les études et la formation initiale, il n’y avait pas que le métier que l’on décroche, il y a tout le reste de la vie ensuite, avec le droit de changer de voie. Cette nouvelle génération est un peu plus dans la consommation de l’information et de la formation. Mais c’est lent à se mettre en place, dans d’autres pays, la formation c’est la base, on se forme pour tout et n’importe quoi. 

Il est vrai qu’en France, à part les professions réglementées, où tu as l’obligation de diplôme pour exercer, n’importe qui peut faire n’importe quoi.  

Exactement. 

A contrario, qu’elle a été ta plus grande réussite ?   

Sans hésiter, ma plus grande réussite, c’est LICARES !  

Ce n’est pas tant dans la réussite de la société et de l’activité, ni dans le succès rencontré par cette formation, non, c’est plus l’esprit de réseau et de promotion que nous avons réussi à mettre en place.  

Au-delà d’une formation à l’écriture, il y avait ce souhait de créer une école, je voulais créer un esprit de corps et un esprit de promotion. Aujourd’hui, nous avons formé approximativement 1 000 élèves, donc 1 000 auteurs, et on les suit toujours parce qu’on garde des liens avec les différentes promotions. On n’arrête jamais de les suivre. Quand on fait des rencontres dans des évènements littéraires, comme dans les salons du livre par exemple, les apprenants se présentent toujours par leur nom de promotion… C’est aussi ça la force du réseau créé en fait !  

Les élèves formés s’entraident ensuite, beaucoup ont publié maintenant, donc du coup, ils aident les plus jeunes qui sortent des promotions et c’est ça dont je suis le plus fière, et dont je sais que Johanna est la plus fière aussi : avoir créé cet esprit de promotion, d’avoir réussi à créer une école où les gens sont fiers de dire qu’ils sont passés par notre formation, qu’elle leur a apporté quelque chose, à tel point que des années plus tard, chacun se souvient encore du nom de sa promo. 

Je trouve ça génial, l’énergie que vous déployez Johanna et toi, sans rapport concurrentiel avec de nouveaux entrants sur le marché. Parce que finalement c’est cela que tu fais, en tant qu’auteur, tu te créés de nouveaux concurrents potentiels pour chaque élève que tu formes, et avoir cet esprit de partage et d’entraide, c’est super ! Ce sont des valeurs très nobles que vous défendez avec LICARES.  

C’est un peu ça, oui. Et on est au contraire très fières à chaque fois qu’on reçoit un mail, et cela arrive très régulièrement, un mail qui nous annonce la sortie d’un nouveau livre d’un ancien élève. On a cette même fierté à chaque fois que l’on doit modifier notre page sur le site Internet, pour ajouter un auteur publié supplémentaire issu de notre formation.  

Je suis sincèrement contente de chacune des réussites de nos anciens élèves, parce que je suis profondément formatrice avant d’être autrice. Je ne cache rien, au contraire, je donne tout ! 

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à concilier pour mener à bien ce changement de carrière professionnelle vers le monde littéraire ?  

C’est le temps.  

Parce que parce que voilà, je signe régulièrement des contrats. Et puis c’est un cercle vertueux, vicieux, les deux à la fois ! Outre le fait que c’est ma passion, l’écriture, j’ai toujours un livre en tête, mais je ne peux pas dire par exemple « bon bah là, pendant 4 à 5 ans, je me consacre uniquement à ma société et je me consacre uniquement à LICARES », parce qu’il y a une question de légitimité aussi. Je ne peux pas proposer une formation à l’écriture si moi, pendant 5 ans, je ne suis plus dans le milieu. Moi, en tant qu’élève, ça me poserait problème, parce que je me dirais « elle est bien gentille, elle me parle de l’écriture, de croire en ses rêves, mais ça fait combien d’années qu’elle n’a pas sorti un bouquin ?! ». Cela explique que je ne peux pas me spécialiser pendant un temps sur l’une ou l’autre de mes activités, donc je suis obligée de mener les deux de front.  

J’adore ça, ce n’est pas le problème, entendons-nous bien, mais la gestion du temps est parfois TRES compliquée ! Et sur mes deux métiers, il n’y en a pas un qui est moins important que l’autre… D’ailleurs, je ne sais pas comment je me débrouille, il arrive toujours un moment où je me retrouve avec deux dates butoirs qui correspondent pile poil, et je me retrouver dans un rush de dingue ! Dans les faits, c’est comme si je cumulais deux jobs à plein temps. Et c’est tout le problème… tout ça ne laisse pas beaucoup de place aux vacances, aux loisirs, aux temps off, aux hobbies justement.  

Fort heureusement, je ne suis pas toute seule. Certains entrepreneurs vivent ça seuls, et je ne peux imaginer le poids que cela représente… Ce doit être encore plus compliqué ! Nous au moins, nous sommes deux, donc quand il y en a une qui a une baisse d’énergie qui est un peu au fond du gouffre, l’autre peut la remonter et inversement. Je ne subis pas la solitude du dirigeant, mais l’accumulation du dirigeant, oui ! 

Où te vois-tu dans 10 ans ?    

Toujours à la tête de LICARES, vraiment. J’aimerais continuer de développer des formations dans le milieu de l’écriture, pour que l’on ait ce sentiment d’avoir absolument tout vu dans le métier d’auteur, d’être la formation la plus complète qui existe sur le marché. Enfin je pense qu’on l’est déjà ! Maintenant qu’on a fait la formation sur l’autoédition, je pense qu’on a quand même bien ratissé large en termes de sujets de formation, mais pourquoi pas, se diriger plutôt vers le développement personnel lié aux auteurs… Donc ça tournerait autour du milieu artistique, toujours autour du milieu de l’écriture et de l’art en général. Mais ce seraient des sujets un peu plus périphériques. C’est vraiment quelque chose qu’on aimerait développer. Nous avons beaucoup à apporter, surtout Johanna qui a fait des formations sur le développement personnel et la conduite de projet.  

J’aimerai aussi continuer à écrire, si possible… Et dans 10 ans j’aimerai quand même bien, mais je sais que c’est un rêve, refaire un petit tour du côté de l’autoédition, ça me plairait bien. 

Mais je ne sais pas comment je pourrais combiner toutes ces envies au niveau du temps !  

Lucie Castel : inspirations 

Quelle est ton héroïne dans l’Histoire, et pourquoi ?   

J’en ai deux en réalité !  

La première, c’est Aliénor d’Aquitaine, parce que c’était une super héroïne. Elle avait une force de caractère, une puissance de résilience, une vision de son histoire, de sa place dans l’histoire… J’ai lu une de ses biographies, assez jeune, j’étais adolescente, et pour moi c’était comme si je rencontrais superwoman ! C’était une héroïne de comics ! Vraiment, dans ma tête, je me disais « ce n’est pas possible, ça existe vraiment en fait, ce type d’héroïne dans l’histoire, ça a vraiment existé » !  

La seconde, et pour exactement les mêmes raisons, Elizabeth 1er ! C’était une bâtisseuse, une femme extraordinaire, elle a mis en place tellement de choses, elle a bravé tellement d’obstacles… Elle aussi avait une vision, qu’elle a concrétisé envers et contre tout ! Elle s’est littéralement transcendée pour devenir une figure incroyable.  

J’ai beaucoup d’admiration pour ces deux femmes de l’Histoire, qui m’ont accompagné depuis mon adolescente. Mes deux piliers, mes super-héroïnes. J’ai vu tous les films et adaptations possibles et imaginables ! Elles nous ont prouvé que oui, c’était possible.  

Quelle faute t’inspire le plus d’indulgence ?   

Une faute liée à l’ignorance, parce que je sais que la connaissance est difficile à acquérir, qu’elle n’est pas forcément accessible à tout le monde. Cela dépend du milieu dans lequel on a vécu, ça dépend de quel référent on a pu avoir ça, ça dépend de tout un tas de choses, et je sais que parfois, on n’a pas accès à certaines informations, on n’a pas l’idée de chercher, ou on ne sait pas forcément comment chercher… Parfois, on est donc ignorant, et ce n’est pas quelque chose de de condamnable !  

Pour moi, l’ignorance, c’est quelque chose qu’il faut accompagner, il faut lutter contre elle, et il faut beaucoup de pédagogie. Je suis toujours très indulgente avec une personne qui commet une faute parce qu’elle ne sait pas. 

As-tu un mantra / une devise / un dicton / une citation qui te motive ou qui te guide ?   

Alors j’en ai beaucoup… mais j’en ai une qui m’a été transmise il y a très peu de temps, d’une femme extraordinairement inspirante, qui a 100 ans, donne toujours des cours de chant ! 

Tant que l’on a quelque chose à faire, on est immortel. 

C’est très fort je trouve. C’est un mantra que j’ai complètement intégré et qui me porte depuis. Donc je le garde précieusement, et je maintenant je le donne à tous ceux et celles qui voudront l’utiliser. Je te le donne bien volontiers ! 

Que dirais-tu à la femme que tu étais il y a quelques années, avant d’amorcer ce changement de vie professionnelle ?   

Je lui dirais de voir la vie comme une aventure. Que ça peut être dur, mais que ce n’est pas grave, ça vaut le coup !  

Parce que si on vit une vie sans aventure, elle devient vite terne… Et quand on se retourne sur elle, c’est compliqué de voir les choses les plus importantes et les moins importantes, si elle a été terne… Alors que si elle est pleine de creux, pleine de bosses, ce sera plus facile quand on sera vieux, qu’on se retournera sur notre vie, qu’on fera le bilan, de dire « waouh, j’ai vécu tout ça, j’ai pris des branches dans la figure, mais j’ai vu des sommets, je me suis cassé la figure, mais j’ai vu des couchers de soleil incroyables » !  

Et pour faire tout ça, on n’a pas nécessairement besoin de partir au bout du monde, mais il faut au moins avoir une grosse envie de voyage interne, envie de vivre des aventures, et donc il faut se lancer.  

Peu importe ce qui va se passer, l’aventure, elle est la plus importante. 

Quelle est LA chanson qui te motive quand tu as le moral dans les chaussettes ?   

La chanson qui me motive le plus en ce moment, en tout cas depuis quelques temps, c’est la chanson Side effects, qui vient d’un groupe de K-POP qui s’appelle Stray Kids. Et alors là, quand on n’a pas le moral, on met ça dans ses oreilles, on a une tension qui passe à 48 ! Il faut aimer le côté pop-techno, mais elle met une patate cette chanson ! 

***

Encore un beau parcours, qui démontre que la vie n’est pas linéaire, et qu’il faut savoir ouvrir son champ des possibles.

Si tu souhaites suivre les actualités de Lucie Castel, je t’invite à suivre sa page Instagram, et si le monde de l’écriture te tente, je t’invite vivement à suivre LICARES également. D’ailleurs, si tu as un projet littéraire qui dort dans un coin de ta tête, outre le podcast, la page Insta et la newsletter, tu as la prochaine session de formation Devenir Ecrivain qui arrive bientôt 😉

Un vrai plaisir, merci encore Lucie !

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