Cela fait quelques semaines que je ne t’ai pas fait un petit focus sur une femme inspirante. Et puis, quoi de plus logique après t’avoir parlé du choix de ne pas vouloir d’enfant, que de te parler de Simone Veil, grâce à laquelle toute Française peut décider d’interrompre une grossesse sans risquer une peine de prison !
Et puis, je ne peux décemment pas parler de droit des femmes, d’émancipation et de femmes inspirantes, sans parler de Simone Veil ! Ainsi, j’aurais bouclé la Trinité de la lutte féministe française des 60 dernières années, Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir et Simone Veil.
Alors nous connaissons tous son parcours dans les grandes lignes, évidemment, mais son parcours, sa vie, ses combats sont tellement marquants, que j’ajoute ma pierre à l’édifice des hommages à cette grande dame, et mon humble contribution.
Simone Veil : Une vie dédiée à la Justice, aux droits des femmes et à la politique
Simone Veil est une icône du féminisme, une militante des droits de l’Homme et une personnalité politique éminente en France. Née le 13 juillet 1927 à Nice, elle a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire en tant que défenseure des droits des femmes et en tant que première femme élue présidente du Parlement européen. C’était une pionnière ! Son parcours exemplaire a été marqué par des moments de résilience, de courage et de dévouement à la cause de l’égalité.
Jeunesse et survie à l’Holocauste
Simone Veil est née dans une famille juive laïque, un père architecte et une mère pianiste. En 1944, à l’âge de 16 ans, elle est arrêtée par les nazis et déportée, avec sa famille, au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Elle survit à l’horreur de l’Holocauste, mais perd plusieurs de ses proches. Cette expérience traumatisante marquera profondément sa vision du monde et renforcera sa détermination à lutter contre l’injustice.
Après la guerre, elle poursuit ses études de droit et de sciences politiques à Paris. Elle obtient son diplôme et devient magistrate. En 1956, elle épouse Antoine Veil, ensemble, ils auront trois fils.
Simone Veil : combat pour le droit à l’avortement
Le moment décisif de la carrière politique de Simone Veil est sa lutte, acharnée, pour faire adopter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France. En 1974, en tant que ministre de la Santé du président Valéry Giscard d’Estaing, elle présente LE projet visant à dépénaliser l’avortement. La bataille législative est féroce et soulève des débats passionnés à l’Assemblée nationale. Malgré les résistances conservatrices, les débats houleux et les critiques virulentes, Simone Veil fait preuve d’une incroyable détermination et de persévérance.
La loi est finalement adoptée en 1975. Cette réalisation majeure est saluée comme une avancée historique pour les droits des femmes en France.
Ses autres engagements pour les droits des femmes
La défense des droits maternels
Simone Veil s’est également battue pour améliorer les conditions de maternité en France. En tant que ministre de la Santé, elle a lancé des réformes visant à garantir des soins de qualité aux femmes enceintes et aux jeunes mères. Elle a œuvré pour la création de maternités modernes et humaines, mettant l’accent sur la sécurité et le bien-être des femmes pendant la grossesse et l’accouchement.
Le plaidoyer pour l’égalité professionnelle
Simone Veil a également été une voix forte en faveur de l’égalité professionnelle entre les sexes. Elle a travaillé pour promouvoir l’accès des femmes à des postes de responsabilité et pour tenter d’éliminer les discriminations salariales. Son engagement en faveur de l’égalité au travail a ouvert la voie à des réformes législatives visant à lutter contre les disparités de genre dans le monde professionnel.
Simone Veil : engagement européen et international
Simone Veil continue de gravir les échelons de la politique française et devient la première femme à être élue présidente du Parlement européen en 1979. Dans ce rôle, elle travaille à renforcer la coopération entre les pays membres et à promouvoir les valeurs démocratiques, les droits de l’Homme, et promouvoir l’égalité et les droits des femmes à l’échelle européenne à l’échelle européenne.
Elle a encouragé la participation des femmes dans la politique et a soutenu des initiatives visant à renforcer la représentation féminine au sein des institutions européennes. Son influence transcende les frontières nationales et elle devient une voix respectée dans le monde entier.
Décès et hommages national et international
Simone Veil est décédée le 30 juin 2017 à l’âge de 89 ans. Sa mort a été suivie d’hommages sincères de la part de dirigeants nationaux et internationaux, ainsi que de nombreuses personnalités politiques et publiques, quel que soit leur bord politique. Ses funérailles ont eu lieu le 5 juillet 2017 aux Invalides à Paris, en présence de dignitaires, de dirigeants politiques et de milliers de citoyens qui ont souhaité lui rendre un dernier hommage. Le président Emmanuel Macron, dans son éloge funèbre, a souligné le rôle crucial de Simone Veil dans l’histoire du pays, et sa contribution à l’avancement des droits des femmes.
Son décès a été largement relayé dans les médias du monde entier. De nombreux dirigeants étrangers et organisations internationales ont exprimé leur respect et leur reconnaissance pour son héritage et son engagement en faveur des droits de l’Homme.
Après quelques mois de tergiversation, Simone Veil et son époux, Antoine Veil, sont entrés au Panthéon, haut lieu de la mémoire nationale, le 1er juillet 2018. Cette distinction exceptionnelle a été décidée en reconnaissance de leur contribution significative à la société française et à la défense des droits de l’homme. C’est aussi un témoignage de la reconnaissance de la nation.
Simone Veil : héritage et reconnaissance
Tout au long de sa vie, Simone Veil incarna la lutte pour l’égalité et la justice. Elle inspire de nombreuses générations de femmes, mais aussi d’hommes, à poursuivre leurs aspirations malgré les obstacles. Son parcours exceptionnel et son intégrité morale ont laissé une empreinte durable dans les domaines du féminisme, de la politique et des droits de l’Homme.
Son héritage perdure à travers diverses initiatives, notamment la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, qui œuvre pour la transmission de la mémoire, la lutte contre l’antisémitisme, le soutien de la recherche, ou encore le dialogue interculturel.
Elle devient également Immortelle le 18 mars 2010, avec son entrée à l’Académie française, devenant ainsi la sixième femme à revêtir l’habit vert. Encore une pionnière !
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Simone Veil restera à jamais une figure emblématique du féminisme et de la lutte pour les droits des femmes. Son courage, sa détermination et son engagement envers la justice ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire. Son parcours exceptionnel nous rappelle que chaque individu a le pouvoir de faire une différence durable dans le monde, et que la lutte pour l’égalité et les droits humains est un combat de tous les jours.
J’ajoute que Simone Veil a régulièrement eu des échanges avec Gisèle Halimi, mon héroïne des prétoires ! Bien que leurs approches aient pu différer sur certains aspects – je pense notamment à la question du remboursement par la Sécurité sociale de l’avortement justement -, elles partageaient toutes deux l’objectif fondamental de garantir le droit des femmes à l’autodétermination et à la liberté.
Simone Veil et Gisèle Halimi ont souvent participé à des débats et à des échanges d’idées sur les questions féministes et sociales. Leurs positions parfois divergentes n’ont pas empêché un dialogue constructif sur des sujets importants tels que l’égalité des sexes, les droits des femmes et les défis auxquels les femmes étaient confrontées dans la société. Malgré leurs différences, les deux femmes ont contribué de manière significative à la promotion des droits des femmes et à la lutte contre les discriminations de genre. Leurs efforts conjoints ont contribué à sensibiliser l’opinion publique et à faire progresser les questions liées à l’égalité des sexes en France.
Comme quoi, quand deux femmes ne sont pas du même bord politique, on avance quand même… J’dis ça, j’dis rien…
Enjoy !