Nous revoilà pour découvrir ou redécouvrir, une femme inspirante de notre Histoire. Pour te dire la vérité, je n’avais aucun souvenir de mes années d’école concernant Olympe de Gouges, avant le débat sur son entrée au Panthéon en 2015, dont elle sera d’ailleurs recalée.
C’est terrible quand on y pense, même mort, tu peux te faire recaler de la liste des “hit girls” !
Donc, en grande férue d’Histoire, je me suis documentée sur cette dame, dont le nom affolait les médias à ce moment-là. J’ai aussi lu un roman graphique, comme le disent les hipsters (oui en fait c’est juste une grosse bande dessinée !), et j’ai alors découvert un parcours inspirant, à contre-courant avec son époque, tellement à l’avant-garde.
J’ai donc envie de partager cette part de l’Histoire, cette femme inspirantes, qui te permettra peut-être de te rendre compte que les luttes sont parfois bien longues.
Brève biographie
Olympe de Gouges était le nom de plume de Marie Gouze, née le 7 mai 1748 à Montauban, et morte guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris, à l’âge de 45 ans. Elle serait le fruit d’une relation adultérine de sa mère avec une homme de la bourgeoisie locale, Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, qui est d’ailleurs son parrain.
Elle fut mariée à 17 ans à un homme de 30 ans son ainé, Louis-Yves Aubry, fils d’un bourgeois parisien, exerçant dans les métiers de bouche. L’année suivante, ils eurent un fils. Elle se retrouva veuve assez tôt, non sans joie, puisqu’elle n’eut visiblement jamais vraiment été heureuse en ménage avec son époux. Eh oui, à l’époque, la veuve joyeuse c’était assez courant !
Ce n’est que vers 1770 qu’elle rejoignit sa sœur à Paris, avec son fils, et choisis son nom d’Olympe de Gouges. Elle choisit de ne pas se remarier, pour rester une femme libre. Elle mènera d’ailleurs un temps, selon certains écrits, une vie de courtisane, puis fréquenta salons littéraires et théâtre parisien, en premier lieu pour compenser une éducation qu’elle estimait limitée. Elle écrira d’ailleurs “je n’ai pas l’avantage d’être instruite” (comme quoi, l’école de la deuxième chance, ça fonctionne ! Tout ne se joue pas avant 6 ans, ouf !)
Au début de la Révolution française, Olympe de Gouges s’est impliquée dans le débat politique en rédigeant des textes qui défendaient les droits civils et politiques des femmes. En 1791, elle publia sa pièce la plus célèbre, intitulée « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne« , dans laquelle elle réclamait l’égalité des sexes et critiquait les injustices subies par les femmes.
Malheureusement, ses idées radicales et sa défense des droits des femmes ont suscité de vives controverses : considérée comme une figure subversive, elle a été accusée d’insubordination envers le gouvernement révolutionnaire (Régime dit de “Terreur” sous l’ère Robespierre : comme quoi, la France n’était pas mieux lotie que d’autres pays aujourd’hui… Certains feraient mieux de balayer devant leur porte avec leurs leçons de morale !). En 1793, Olympe de Gouges a été arrêtée, jugée et condamnée à mort pour ses écrits politiques.
Malgré sa fin tragique, Olympe de Gouges est considérée comme une pionnière du féminisme et une voix importante dans la lutte pour l’égalité des sexes. Ses écrits ont inspiré de nombreuses féministes, et ont contribué à faire progresser les droits des femmes en France et dans le monde. Elle est reconnue comme l’une des premières femmes à avoir osé défier les normes de son époque et à revendiquer les droits et la dignité des femmes.
Pionnière d’une société moderne et équitable
Olympe de Gouges était une femme moderne pour son époque : veuve très jeune, elle a toujours refusé de se remarier, ne voulant pas sacrifier sa liberté au nom de la bienséance ! Elle a mené une vie dite de « courtisane », mais en réalité, bah elle s’affichait juste avec ses petits copains sur la place publique ! De femme libre à pu**e, il n’y a qu’un pas, surtout quand l’Histoire est écrite par des hommes, ne l’oublie pas !
Bref, pour Olympe, le mariage était un asservissement de la femme, et elle refusa de renouveler ce type d’engagement avec qui que ce soit. Et bien cette posture, au XVIIIème siècle, je ne sais pas ce que tu en penses, mais pour ma part, je trouve cela très courageux, mais aussi très moderne !
Modernité d’Olympe de Gouges: 1 / société française patriarcale : 0
Dans la même lignée moderne, Olympe de Gouges se positionna contre la peine de mort, 200 ans AVANT son abolition en France. Dans sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » (1791), elle affirmait que la peine de mort était une violation du droit à la vie, un principe fondamental de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Elle considérait ainsi que tout individu avait droit à la présomption d’innocence et devait être jugé équitablement. Selon elle, la peine de mort était une forme de barbarie et de vengeance qui ne permettait pas la réhabilitation des individus condamnés. Olympe de Gouges proposait de remplacer la peine de mort par des peines plus humaines, telles que la réclusion ou le bannissement, qui permettaient à l’individu de se repentir et de se réinsérer dans la société. Elle soutenait également que la justice devait être impartiale, équitable et exempte de toute forme de discrimination, y compris basée sur le genre.
Modernité d’Olympe de Gouges: 2 / société française patriarcale et inégalitaire : 0
Et pour clore la trilogie de la modernité, il est à noter qu’Olympe de Gouges était aussi abolitioniste, et ce près de 60 ans AVANT l’abolition l’esclavage. Bon, théoriquement, les révolutionnaire l’ont aboli en France en 1794, dans toutes les colonies françaises, sauf à dans toutes les colonies françaises, sauf à l’île Bourbon et aux Mascareignes (La Réunion et Ile Maurice en gros), et cela a été révoqué en 1802 par ce cher Napoléon (tiens, on le retrouve ici aussi !)
La lutte contre l’esclavage sera une de ses première cause, défendue dès 1784 dans sa pièce « Zamore et Mirza ou l’Esclavage des Noirs« . Elle utilise alors le registre théâtral pour mettre en avant un système inhumain, inégal et gratuitement violent. Elle poursuivra ce combat, notamment lors de sa déclaration des droits : elle soulignait l’importance d’abolir l’esclavage, affirmant que tous les individus naissent libres et égaux en droits, indépendamment de leur sexe, race ou origine. Elle a également soulevé la question de l’esclavage dans d’autres écrits et a défendu l’idée que l’esclavage était une violation des principes de liberté et de justice.
Modernité d’Olympe de Gouges: 3 / société française patriarcale, inégalitaire et esclavagiste : 0
Pionnière française du féminisme
Olympe de gouges est aujourd’hui connu et reconnu pour être une pionnière du féminisme, et est à l’initiative de bon nombre d’idée et mouvements. Je t’ai parlé de sa lutte contre l’esclavage, de sa position contre la peine de mort, mais aussi de sa position tranchée sur la place des femmes dans la société.
En effet, elle refusa de contracter un nouveau mariage après son veuvage, préférant sa vie de femme libre, à une époque où une femme ne pouvait être que mariée, nonne ou pu**e !
Son texte fondateur, la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne« , et propose notamment : parité, suffrage universel, séparation des pouvoirs et justice équitable, égalité devant les charges publiques, égalité salariale, divorce… Et je te rappelle que nous sommes en 1791, et que les femmes n’ont eu le droit de vote en France qu’en 1946 !
Dans son combat contre la peine de mort, elle plaida la cause de la reine Marie-Antoinette, pour laquelle Olympe de Gouges dénonçait alors un traitement inéquitable. Elle se sert de la sanction capitale pour dénoncer l’inégalité des sexes. Ainsi est rédigé l’article 10 de sa Déclaration « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales. La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi« . Autrement dit, si on condamne à mort des femmes dans les mêmes conditions que les hommes, pourquoi pas pour le reste ?!
Ironie du sort, elle fut condamnée à mort pour ses idées subversives, sa position politique devenait trop gênante, son auditoire croissant, et ses idées dangereuses. C’est bien connu, si tu veux te débarrasser d’une femme, traite-là de folle ou d’opposante au régime !
Elle fit preuve de courage jusqu’à son dernier souffle, refusant d’avoir les yeux bandés, criant à la foule avant la chute de la lame : « Citoyens, vous vengerez ma mort« .
Quelques jours après sa mort, un opposant politique publiera dans un journal de son bord, Le Moniteur Universel, « Elle voulut être homme d’Etat. Il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe« . Preuve à mon sens, que sa mort n’était qu’un féminicide. Je me console en me disant que ses luttes et idées ont traversé les décennies, et que son nom est gravé dans l’Histoire, contrairement à ce blanc-bec d’opposant dont personne n’a retenu le nom !
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J’espère que tu auras pris conscience que la lutte pour les droits des femmes, et plus largement pour les libertés fondamentales, est un marathon : il faut être régulier, pugnace, et ne pas s’endormir sur ses lauriers !
Olympe de Gouges a été sacrifiée sur l’autel du patriarcat, par une société qui n’était pas encore prête à évoluer. Un siècle plus tôt, elle aurait sans doute fini au bûcher pour sorcellerie !
Enjoy !